La Crèche : Moissons Noires, 2019, 276 pages, 18 euros
🙂 À double tour
Un type se réveille enchainé. Il fait noir, sa chaîne mesure 3 mètres. Il n’a aucune idée de ce qu’il fait là. Au bout de quelques temps, il comprend que personne ne viendra, sauf l’autre, celui ou celle qui le nourrit. Le prisonnier, qui est aussi le narrateur, entame un travail de retour vers le passé. Il rembobine ses derniers jours de liberté pour tenter de comprendre ce qui l’a mené là.
Ailleurs, quelque part en ville, Lilly s’inquiète. Son mec, Louis Forell, un enseignant sans histoire, a disparu depuis plusieurs jours.
D’une simplicité terrifiante
Publié pour la première fois en 2014 chez La Geste, ce 7èmeroman de Franck Bouysse se voit réédité cette année chez Moissons Noires. Amateurs exclusifs du beau style, de phrases à double fond, de pensées profondes et de contexte solidement campé, passez votre chemin. On est ici face à une littérature coup de poing. Des phrases courtes et un style épuré au service d’une intrigue purement linéaire. Terrifiante dans sa simplicité, l’histoire ne ménage pas son lecteur. On y suit la lente descente aux enfers du prisonnier et celle, tout aussi cauchemardesque de Lilly, qui désespère de retrouver son compagnon. Bouysse n’y revendique ni sens caché ni message politique, social ou culturel. Les faits, livrés bruts de décoffrage, et les personnages brièvement décrits et auxquels on arrive pourtant à adhérer sans se forcer, ne font qu’illustrer le caractère fondamentalement sauvage de l’homme. S’il y a un seul sens à trouver ici, c’est celui-là : sous le vernis de nos conventions sociales, faites attention aux bestiaux qui sommeillent. Éprouvant.