Le corps d’une femme, méconnaissable à la suite d’une décharge de chevrotine dans la tête, est découvert dans un des énormes réservoirs d’eau de l’entreprise Guzman Brothers à New-York, en pleine canicule.
Comment est-il arrivé là et surtout qui a mis au point cette mise en scène macabre ?
Luna Ritter, elle, découvre, lors d’expériences de la vie dans lesquelles tout un chacun afficherait un minimum de peur, qu’elle n’en éprouve aucune, au point de se mettre régulièrement en danger.
Confiance aveugle … méfiance … défiance ??
Luna Ritter, vétérinaire trentenaire endettée et ardente combattante contre la chasse en enclos ; fan de Parkour : « Je cherche moins l’excitation que la poésie. Le soleil se lève, et vous êtes au sommet d’une mégalopole pour l’accueillir : c’est ça le grand frisson ». P. 166 ; perspicace mais aussi et surtout trop confiante comme « Le jour où, pour la première fois, Luna Ritter oublia d’avoir peur » et pensa naïvement que « Dès le lendemain, les bosses glacées, les raidillons, les rocs qui affleurent comme des rasoirs sur les pistes noires effraieront de nouveau Luna. Les monstres des nuits de cauchemar lui inspireront de la terreur, et tout sera rentré dans l’ordre ». P. 37
Pas vraiment pour ainsi dire car, Luna, après quelques examens médicaux approfondis, va apprendre qu’elle est victime du syndrome d’Urbach-Wiethe, dont peu de personnes sont atteintes dans le monde, due à un dysfonctionnement de l’amygdale et anéantissant tout sentiment de peur.
Sur qui pourra-t-elle compter pour la soutenir ? Les proches qui l’entourent sont-ils si clean qu’elle ne le pense ? Va-t-elle l’apprendre à son détriment ? Alors, à qui faire confiance dorénavant ?
A Victor, son compagnon, avec lequel elle désire ardemment fonder une famille mais qui, lui, n’en ressent pas vraiment l’envie, tout accaparé qu’il est par son métier de photographe et qui semblerait-il, ait omis de lui dire toute la vérité sur ses déplacements professionnels ? « Je détecte ses mensonges dès qu’il prend son souffle pour les proférer ». P. 139
A Nicole, sa fidèle assistante, passionnée par la cause animale et prête à tout pour créer son refuge ?
A sa neurologue, le Docteur Coleman qui l’envoie vers Kalone Kane, brillantissime spécialiste du syndrome dont elle est atteinte et qui propose une prise en charge pointue de la maladie avec tout ce que cela comporte de dommages collatéraux ?
A Popo King, cette fidèle grand-mère chinoise, qui la considère comme sa propre fille ? « Popo King protège la jeune femme à sa manière, retenue, sans effusions excessives, un peu comme une vigie veille sur l’équipage d’un navire ». P.106
Difficile à dire…
Heureusement qu’entre les nombreuses expériences de vie de Luna se présentent des chapitres biennets sur l’enquête concernant la mort tragique de la jeune femme et dont les enquêteurs, Ken, le jeune flic misanthrope et Naomi, la trentenaire, avec qui le décalage générationnel semble énorme, forment une équipe de feu ! « Il bluffe, songe Naomi. La vérité, c’est que Ken va toujours cueillir ses témoins où ils se trouvent ». P. 149
« Ken et Naomi forment un drôle d’attelage ». P. 81 ou encore « On a rarement vu au NYPD deux policiers aussi mal appariés : l’un taillé dans un bloc d’intransigeance, l’autre capable de miséricorde ». P. 82
L’auteur signe ici un roman qui fait réfléchir sur ce sentiment indispensable à la vie où l’intense se mêle au caustique, le danger au confidentiel et l’inexplicable à l’expérimentation secrète de l’amygdale.
Alors … Seriez-vous prêt(e), comme Luna Ritter, à confier votre cerveau au scalpel du plus émérite des chirurgiens tout aussi sexy qu’il puisse être ?
Réfléchissez-y bien … et n’oubliez pas d’avoir PEUR car la manipulation se trouve à chaque tournure et surtout lors des 100 dernières pages…