Nelscott, Kris; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Sérisier
Policier & Thriller
La Tour d’Aigue : Editions de l’Aube, 2019, 642 pages, 14.90 € (Collection L’Aube poche; L’aube noire)
🙂 🙂 🙂 En 1969, être étudiant et noir aux U.S.A.
Quelques mois après l’assassinat de Martin Luther King, Smokey Dalton, un Noir athlétique, vit avec son fils adoptif Jimmy sous une fausse identité à Chicago. Leur vie se résume à échapper à la police de Memphis et du FBI. Jimmy a 11 ans, et a été témoin du meurtre du pasteur militant pour les droits civiques des Afro-américains…
Grace Kirkland, l’institutrice de Jimmy, révèle à Smokey ne plus avoir de nouvelles de son fils Daniel depuis plus de 6 mois. Elève brillant, il est parti étudier à Yale malgré sa couleur de peau, grâce à une politique d’intégration adoptée par la prestigieuse université. Grace n’a pas les moyens de payer les études de son fils, ni un détective privé pour le retrouver. Smokey voit là l’occasion de quitter Chicago,qu’il estime peut sûre pour Jimmy
En 1969, il ne fait pas facile être noir aux Etats-Unis, même hors Chicago. Smokey quitte la ville avec Jimmy et Malcolm, un jeune du quartier. Son aide pour garder Jimmy pendant ses démarches sera précieuse, pense-t-il. En réalité, rien n’ira comme prévu…
Contestation étudiante et guerre du Vietnam
Dans la cinquième enquête de Smokey Nelson,Kris Nelscott évoque une fois encore une période trouble des U.S.A. « Que la guerre soit avec nous » évoque le slogan des Weathermen, ces groupes estudiantins qui, à la fin des sixties, décidèrent de combattre le « terrorisme intérieur ». Plus précisément, ils voulaient ramener la guerre à la maison (le titre original du livre est « War at home »), plutôt que d’aller combattre au Vietnam.
Ecrivain engagé aux Editions de l’Aube
Il est particulièrement agréable de lire une intrigue de Kris Nelscott. Sous couvert d’humour parfois décalé, son propos évoque des faits graves, et historiques. Qu’il s’agisse de la Guerre froide et des années de maccarthysme, de la ségrégation raciale ou de l’hypocrisie d’une université élitiste, le ton léger ne nous laisse pas dupe : les thèmes évoqués par l’écrivain suscitent la réflexion, et trouvent encore écho de nos jours. La mention « Ecrivain engagé » correspond bien à l’auteur, et à la politique des Editions de l’Aube.
« Que la guerre soit avec nous » se lit avec avidité et fluidité. La collection Aube noire présente une jaquette particulièrement attractive, sans faute de goût.