Pécau (scénario); Suro (dessin); couleurs de Scarlett
Bande dessinée
Toulon : Soleil, 2024, 56 pages, 15.50€
🙂 🙂 Les horreurs de Londres
Londres, printemps 1894. Les meurtres et les disparitions de jeunes filles se poursuivent dans la capitale. Malgré une enquête complexe, Sherlock Holmes compte sur moult yeux discrets qui scrutent les recoins de la ville : prostituées, mendiants, enfants des rues et évidemment le réseau subversif de son nouvel acolyte Félix Fénéon. Un nouvel indice primordial parvient enfin aux enquêteurs : une femme en fiacre a enlevé une enfant au coin d’une rue. De fil en aiguille, Sherlock Holmes, Watson et Fénéon découvrent des secrets peu reluisants pour certains nobles anglais…
Vers le dénouement final
Dans ce second opus des « Mystères de Londres », Sherlock Holmes poursuit progressivement son enquête sur des meurtres de jeunes filles dans la capitale britannique. Le vaste réseau de renseignements du célèbre détective apporte rapidement des nouveaux indices qui permettent à la narration de voyager dans divers endroits de la capitale. Entre quelques touches d’humour et de gentilles altercations entre Fénéon et Watson, le lecteur parvient à suivre les pensées et les déductions de Sherlock Holmes, celui-ci ne s’aventurant pas dans des raisonnements alambiqués et complexes.
Bien que l’enquête soit bien ficelée et intéressante, l’ouvrage perd cependant une dose de charme avec la disparition de sa dimension artistique qui résidait pourtant dans le premier volume. Certes, quelques œuvres artistiques apparaissent timidement, mais les références aux artistes de ces temps révolus s’avèrent plus timides. Les références historiquesconservent leur droit de cité, notamment l’épisode de « La Grande Puanteur » qui toucha Londres en 1858, et l’affaire Dreyfus qui conclut l’ouvrage (et annoncerait éventuellement une nouvelle série pour le détective anglais). En revanche, l’ouvrage conserve son docteur Watson peu charismatique et presque ennuyeux. Le principal antagoniste, Spring-Heeled Jack, ne s’avère pas des plus charismatiques non plus mais offre un adversaire avec un passé documenté et tourmenté, et aux desseins réfléchis selon sa logique propre.
Ce final donne un sentiment mitigé : l’enquête de Sherlock Holmes possède une certaine saveur, faisant voyager le lecteur de raisonnements en déductions, mais quelques dimensions intéressantes disparaissent (le monde artistique, les réseaux subversifs). Les antagonistes ne manquent pas d’un certain charme mais ne transcendent pas les rivaux que Sherlock Holmes a croisé au cours de ses nombreuses enquêtes. Esthétiquement, l’ouvrage conserve son style légèrement brouillon qui ne conviendra certainement pas à tous les lecteurs.