Cranor, Eli ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle Heurtebize
Policier & Thriller
Paris : Sonatine, 2025, 293 pages, 22 €

🙂 🙂 Deux familles sous tension, à Taggard, Arkansas.

Le vieux Jeremiah Fitzjurls, un vétéran du Vietnam, vit dans une casse automobile avec sa petite-fille, Joanna. Les monts Ozarks offrent un cadre naturel rude, et une casse automobile n’est assurément pas un environnement où élever une jeune fille. Pourtant, Jeremiah ferait tout pour la garder près de lui, pour l’empêcher d’aller suivre des études à l’université où elle vient d’être reçue.
Chiens sauvages et armurerie constituent des moyens de protection comme un autre pour cet alcoolique repenti. C’est que l’Arkansas est un état conservateur, où le deuxième amendement est religieusement respecté. Mais c’est surtout que la famille Fitzjurls vit sous tension depuis la mort de l’aîné des Ledford, Rud.
Jake Fitzjurls, le père de Jo purge une peine à perpétuité pour ce meurtre. Mais les Ledford, membres du KKK, ex-fabricants de meth, n’en ont pas fini avec les Fitzjurls. Evail, qui avait 15 ans à l’époque, négocie un contrat avec Guillermo, un truand mexicain. Jo pourrait bien faire l’objet d’une prochaine livraison…
Entre le Ku Klux Klan et les Mexicains, le bal de promo du lycée de Jo a des saveurs de mœurs américaines révolues.

Roman rural noir

Le rural noir, vous connaissez ? Ron Rash en est un représentant renommé. Une Amérique profonde, bousculée dans ses fondements par la récession économique, l’écart grandissant entre riches et pauvres, sur fond de contestation sociale et de racisme. La réélection de Trump, précédée par une campagne électorale très clivante, en est un symptôme, nous précise Sonatine.
« Comme un tas de choses dans sa vie, la magie s’était dissipée dès qu’il avait rencontré les types de la WAR [White Arkansas Resistance] en chair et en os. »
Une de nos maisons d’édition préférées poursuit son exploration des états du Sud des États-Unis, après S.A. Cosby et la Virginie, David Joy et la Caroline du Nord.
Eli Cranor a pas mal voyagé mais est né et a vécu dans l’Arkansas. L’intrigue s’inspire d’un fait divers qui a eu lieu dans sa ville natale. C’est alors qu’il s’est fait la réflexion que personne, dans les Ozarks ou à New York, ne peut être sûr qu’un jour, des circonstances ne l’amèneront pas à franchir une ligne rouge, à commettre certaines choses.
 La traduction d’un premier roman d’Eli Cranor est une bénédiction. Il a écrit un précédent roman intitulé « Don’t know though », dont on espère la traduction.
Barbara Mazuin

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