Stevens, Kevan (scénario) ; Jeff (dessin et couleurs)
Bande dessinée
Toulon : Soleil, 2024, 84 pages, 17,50€

🙂 Dark S-F

Mégalopolyon : une cité tentaculaire du futur, composée de gratte-ciels sans fin autour desquels gravitent des nuées de véhicules aériens. La ville est bordée de faubourgs sales et surpeuplés, et passer d’une zone à l’autre relève du parcours du combattant. Tout ce qui est du domaine artistique est rigoureusement interdit : posséder un livre ou jouer de la musique relève de la peine de mort immédiate. La seule distraction admise est le Blast, une drogue vendue exclusivement par la mafia qui contrôle la ville, mafia dirigée par le Mayor, un personnage obèse, mi-homme, mi-machine, à la cruauté sans limite. Au moment où commence le récit, une variété non-officielle de Blast commence à circuler en ville. Le Mayor et ses acolytes vont tout mettre en œuvre pour découvrir qui est à l’origine du trafic et démanteler celui-ci.  Simultanément, un musicien est engagé pour jouer clandestinement chez les plus fortunés de la ville, et le fils du Mayor, Pauli, s’échappe du domicile paternel. Pauli est handicapé et des lois eugéniques font de lui un « illégal ».

Récit choral

Ultra-référencé dans l’univers s-f, « En moi le chaos » évoquera des tas de souvenirs aux amateurs. Kevan Stevens, le scénariste, nous emmène de « Fahrenheit 451 » au « Cinquième élément », en passant par « Blade Runner » et en n’oubliant pas d’agrémenter le tout d’éléments plus gore de son cru.  Son récit choral, très éclaté, nous perd parfois entre personnages pas assez densifiés et dont on peine à comprendre les motivations, et sous-couches de scénario encore confuses à ce stade. Nous sommes bien ici dans le premier tome d’une intrigue qui en comptera trois, mettons donc tout cela au compte de la présentation des personnages et du cadre. Quant au trait de Jef, il montre une fameuse maîtrise aussi bien des décors (ouaw, la ville, les véhicules et les ambiances techno-futuristes) que des personnages, d’un réalisme édifiant. En accord avec le ton de l’histoire, les planches se révèlent assez sombres, extrêmement dynamiques, bien que parfois surchargées par trop de cases, elles-mêmes découpées de manière alambiquée.
Le titre « La mécanique » semble indiquer que, si nombreux soient les personnages et les fils de l’intrigue, tout s’imbriquera en un engrenage infernal d’où jaillira la lumière. Ou les ténèbres.
Nicolas Fanuel

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