Le manuscrit inachevé

Thilliez, Franck
Policier & Thriller
Fleuve, 2018, 528 pages, 21.90 €

🙂 🙂 Imbroglio

Maître incontesté du thriller français aux côtés de Maxime Chattam et de Jean-Christophe Grangé (attendent en embuscade : Olivier Norek, Marc Charuel, Bernard Minier et d’autres), Frank Thilliez délaisse pour un temps les enquêtes de son duo  (Lucie Henebelle et Franck Sharko) pour nous proposer un récit noir de noir et à la construction originale, quoiqu’un peu déstabilisante.

En préambule, un certain J.-L. Traskman explique les raisons qui l’ont poussés à terminer un roman écrit par son père, le célèbre Caleb Traskman, récemment décédé (suicide).

Le roman inachevé traitait du calvaire vécu par une romancière, Léane Morgan, dont le couple qu’elle formait avec Jullian a volé en éclats depuis la disparition soudaine de leur fille, sans doute kidnappée, abusée et tuée par le sinistre « Voyageur ». C’est du moins ce que ce dernier clame du fond de sa prison.

Le corps d’une femme énucléée et sans mains est retrouvé dans le coffre d’une voiture, lors d’un contrôle de douane. Il s’avère rapidement que le conducteur n’est pas l’assassin. Deux flics, Vic et Vadim vont peu à peu remonter la piste d’un tueur en série qui prend plaisir à composer un corps inédit avec des morceaux de cadavres épars..

La complexité du roman – il vaut mieux prendre des notes – se double d’une construction originale appelée mise en abyme : en effet, pour résumer, l’écrivain Traskman a écrit l’histoire d’une écrivaine elle-même auteure d’un thriller dans lequel un écrivain est séquestré par une fan (vous avez dit « Misery » ? Oui, c’est un hommage de l’auteur).

La prise de tête ne s’arrête pas là ! Le roman est truffé de palindromes soulignés (mots qui se lisent de la même manière dans les deux sens), le pseudonyme adopté par Léane Morgan pour son roman est Enael Miraure (cf : miroir?), et que penser des indices laissés par le « Voyageur », comme ces 516 cheveux prélevés sur chacune de ses victimes ?

Si on veut jouer au détective, le terrain de jeu est savamment posé par Thilliez et des correspondances, liens, nœuds narratifs ne doivent être compréhensibles que par lui. Ce qui ne rend pas le roman déplaisant mais a la fâcheuse tendance à nous laisser sur notre faim. La fin, justement, abrupte.

Le constat que je retire de ce Thilliez est positif : il insuffle une lecture addictive, parsème son récit de scènes vraiment éprouvantes (horreur pure ou descriptions « douloureuses ») mais pèche par excès de complexité. Etait-il vraiment nécessaire d’aller si loin dans la pose de jalons mystérieux, de fausses routes ? J’en doute mais je salue néanmoins le travail. Et je reste sur le sentiment que la clé du mystère réside dans la constance du reflet (miroir, palindromes,…). Sans pouvoir l’expliquer de manière totalement satisfaisante…

Eric Albert

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