Tudor, C.J. ; traduit de l’anglais par Thibaud Eliroff
Policier & Thriller
Paris : Pygmalion, 2022, 495 pages, 22.90 €
🙂 🙂 🙂 Un thriller glauque à souhait
Il y a cinq cents ans : huit villageois ont été brûlés sur le bûcher. Il y a trente ans : deux adolescentes ont disparu sans laisser de traces. Il y a deux mois : le vicaire s’est suicidé. Bienvenue à Chapel Croft. Pour le révérend Jack Brooks et sa fille Flo, c’est censé être un nouveau départ. Mais au sein de cette petite communauté unie, imprégnée de superstitions anciennes, la méfiance envers les étrangers est difficile à surmonter. Les secrets du village sont aussi profonds et sombres que la tombe. Et les vieux fantômes qui ont des comptes à régler ne se reposent jamais… (Résumé de l’éditeur)
Avec Les incandescentes, C.J. Tudor joue avec les codes du thriller horrifique et propose un récit haletant et moderne. Le livre nous plonge directement dans l’intrigue et l’ambiance anxiogène y est particulièrement soignée.
À bout de souffle
En effet, le récit est savamment construit et particulièrement bien dosé, alternant tour à tour entre suspense, climax, flashbacks et intrigues secondaires afin de garder le lecteur en haleine tout au long de ces presque 500 pages, durant lesquelles à aucun moment on ne s’ennuie. Le scénario a cette force de ne pas avoir de ventre mou, l’attention du lecteur est constamment relancée. Les différentes intrigues et sous-intrigues s’articulent, se croisent et se répondent, éclairant à chaque fois la situation d’un regard nouveau et donnant beaucoup de relief à la narration.
Les ingrédients de l’horreur : clichés mais plaisir coupable
Plus haut je parle d’un récit moderne, et pourtant, Les incandescentes repose sur nombre de clichés des récits d’horreur : le milieu clérical, les séances d’exorcisme et le fait que ce soit le révérend local qui mène l’enquête et pas la police. Sans oublier les maisons abandonnées, les cimetières, les cauchemars, les premiers rendez-vous amoureux et les premières fugues, tard le soir et sans conscience du danger qui se tapit dans les bois.
Sans pour autant tomber dans le nanar ou le kitsch, leur utilisation est assumée par l’auteure qui n’en est pas à son coup d’essai. C.J. Tudor joue avec les codes et les modernise. Ainsi, le révérend est une femme, mère célibataire qui plus est, les ados regardent Netflix et communiquent via Snapchat…
L’horreur humaine
À plusieurs reprises, Les incandescentes frôle le fantastique, sans pour autant jamais vraiment franchir le cap. Cela à dessein car à aucun moment le récit n’en a besoin. Comme le dit l’auteure elle-même, l’horreur ne vient pas du fantastique, des fantômes, ni des apparitions d’esprits (bien que ces dernières existent dans le livre). Elle vient des êtres humains eux-mêmes, certains capables de réelles atrocités. La psychologie et le réalisme de certains personnages rendent tout cela d’autant plus troublant, même si on regrette la qualité de certains dialogues qui nous sortent parfois de ce réalisme (il fallait bien un point négatif).
Globalement, Les Incandescentes est un récit super efficace et passionnant, dans lequel on se laisse emporter avec plaisir dès les premières pages !