Le monde idéal est un rêve qui peut tourner au cauchemar quand on a le malheur d’y croire. Cela avait tout l’air d’une histoire banale. Slimane, un Algérien en rupture de ban, est accusé d’une agression sans mobile évident. Le genre de délinquance ordinaire qui fait le quotidien de Catherine Monsigny, pénaliste aguerrie. Mais l’ardeur avec laquelle la fiancée du jeune homme lui demande de prendre sa défense a de quoi éveiller les soupçons : brillante étudiante en khâgne, issue d’un milieu bourgeois, elle détonne dans cet univers de petits voyous. Catherine Monsigny accepte sans se douter qu’elle constitue la pièce maîtresse d’un piège dont elle sera l’ultime victime (quatrième de couverture).
Idéal
Plongée sans filet dans une thématique plus qu’actuelle : l’endoctrinement religieux. Sylvie Granotier nous emmène dans une histoire qui parle de ces recrutements de jeunes qui partent faire le djihad. C’est assez incroyable car, malgré ce que l’on apprend de l’actualité, on se croit à l’abri des propagandes. C’est impensable que cela soit possible. Pourtant… C’est une machine bien huilée. Et nous sommes influençables, tout le monde l’est. On le constate dans le personnage d’Emilie. Une jeune fille intelligente, étudiante en khâgne (terme d’argot qui désigne les classes préparatoires littéraires), amoureuse par devoir, entièrement sous l’influence d’un frère qui s’est reconverti. Catherine Monsigny, cette avocate presque condescendante qui se retrouve prise dans un engrenage particulier qu’elle ne soupçonnait pas. Slimane, en prison, qui a beaucoup à cacher, y compris son intelligence. Des ingrédients savants, un déroulé cousu à la perfection. Le roman est prenant et amène des questions. Des questions par rapport à cet embrigadement religieux si oppressant. A cette possibilité qui, aussi horrible soit-elle, fait partie de notre histoire et de notre quotidien. On s’attache à Emilie avec l’espoir qu’elle ouvre les yeux.
« Le monde idéal est un rêve qui peut tourner au cauchemar quand on a le malheur d’y croire. »