En l’an 10996, l’humanité s’étend sur des milliers de planètes. Cet Empire de 800 milliards d’âmes est en pleine déréliction. D’un côté, un groupe d’anarchistes a volé la formule chimique de la Fleur de Dieu, farouchement gardée secrète, et tente de la diffuser auprès d’un maximum de personnes ; de l’autre, un puissant Seigneur de Guerre met en application son coup d’état au mépris de la vie de millions d’innocents. Alors que le chaos s’installe dans tout l’Empire, un énigmatique enfant aux pouvoirs extraordinaires tente d’équilibrer les forces et d’empêcher l’humanité de se diriger vers sa propre destruction.
Choix éditorial douteux
Après un premier tome paru en mai dernier, la suite de cette saga de science-fiction a débarqué en librairie début novembre. Reprenant directement là où La Fleur de Dieu nous avait laissés, Les Portes Célestes nous plongent dans l’univers foisonnant imaginé par Jean-Michel Ré.
Passons rapidement sur le choix éditorial des éditions Albin Michel. La publication en trois volumes semble quelque peu malhonnête puisque, très clairement, l’ensemble forme non pas une trilogie au sens propre du terme mais un seul roman découpé en trois petites parties. En effet, la taille ne peut même pas expliquer cette décision puisque les deux premiers volumes comptent, sans le glossaire, environ 270 pages chacun. Un choix d’autant plus dommageable que le premier tome laissait très clairement un goût de trop peu, les enjeux, relativement complexes et les multiples lignes narratives n’y étant au final qu’à peine esquissés.
Un récit redoutablement efficace
On retrouve néanmoins avec grand plaisir ce space-opera décomplexé. Car l’auteur français mène son récit tambour battant et, si l’univers est particulièrement développé (comme en témoigne les très nombreux renvois au glossaire en fin de volume), l’histoire avance vite et les enjeux, classiques mais traités avec efficacité, font du roman un véritable page turnerque l’on dévore en quelques heures.
Tout amateur de science-fiction et de culture de l’imaginaire en général ne manquera pas de repérer les nombreuses références qui ont alimenté l’imaginaire de l’auteur : Dunede Frank Herbert bien entendu, la sagaStar Warségalement. Plus inattendus, certains affrontements, menés à des vitesses supersoniques et à grands renforts de téléportations et de muscles gonflant à vue d’œil évoquent les redoutables combats qui peuplent les mangas comme Dragon Ball. Mais ses influences disparates, qui auraient pu étouffer le récit sont suffisamment digérées, parfois même habillement détournées, pour faire de cette saga un véritable récit pop que l’on savoure avec un plaisir non dissimulé.
Une critique un arrière-plan
En plus de son récit foisonnant aux multiples enjeux et aux innombrables références, Jean-Michel Ré développe unecritique des totalitarismes, qu’ils soient d’origine économique, politique ou religieuse, mais également de l’exercice du pouvoir en général, fait de faux-semblants, de trahisons et de cynisme. Rien de pontifiant ici, mais des réflexions qui enrichissent indéniablement une trame aventureuse pourtant déjà bien fournie.
Réussite
Avec ce deuxième tome, Jean-Michel Ré fait preuve d’un réel sens de la narration. Il développe son intrigue sans détours tout en ménageant un véritable suspense qui empêche le lecteur de décrocher. À la fois dense et accessible, fouillée mais sans inutiles longueurs, la saga de La Fleur de Dieu se profile comme une excellente ambassadrice de la littérature de science-fiction. Reste à conclure l’essai. Rendez-vous est pris en février prochain avec le troisième et dernier tome de ce flamboyant space-opera .