Annas, Max; traduit de l’allemand par Mathilde Sobottke
Policier & Thriller
Paris : Belfond, 2020, 216 pages, 19 €
🙂 🙂 🙂 🙂 À bout de souffle…
Un suspect trop évident
Originaire du Ghana, et historien de formation, Kodjo prend la route de l’exil, quittant une famille relativement aisée, pour vivre son rêve européen. Mais, arrivé à Berlin, son rêve tourne très vite au vinaigre. Après un mariage raté et une perte de ses droits, Kodjo devient un sans papier. Vivant de petites boulots et logeant dans des logements indécents, il survit en attendant des jours meilleurs.
Mais un soir, par la fenêtre de son squat, il assiste impuissant à l’agression sexuelle et au meurtre d’une prostituée. Voulant lui venir éventuellement en aide, il s’introduit dans son immeuble et tombe nez à nez avec le meurtrier, qui prend la fuite. Mais il tombe également sur une locataire qui fait de lui le suspect numéro 1 auprès de la police. S’entame alors une course contre la montre pour retrouver le tueur avant que la police ne le retrouve lui…
« C’est ça. Un pseudo-témoin leur désigne un suspect africain et ils laissent tomber toutes les autres pistes. La minutie allemande, je ne voyais pas ça comme ça. »
Une course-poursuite vers la vérité
Roman percutant qui met en avant ce que peut être la vie d’un sans papier dans l’Allemagne (et l’Europe) d’aujourd’hui, ou le fait même d’être noir est déjà un handicap en soi. Dans une course poursuite effrénée pour assurer sa survie en Europe, Kodjo ne peut compter que sur ses jambes et son réseau africain solidaire pour s’en sortir. Mais est-ce suffisant contre une horde de flics, persuadés d’avoir identifié le coupable idéal…
Cette nouvelle course-poursuite est le deuxième roman de Max Annas. Son premier roman, « Enfer Blanc », abordait déjà la question de l’inégalité des jeunes noires dans un univers dominé par les blancs. Mais avec Kodjo, Max Annas a trouvé un bien meilleur rythme de narration. Son histoire est beaucoup plus équilibrée et nous tient encore plus en haleine que son premier essai. Mais attention à ce que le thème de la course-poursuite ne soit pas redondant à l’avenir, au risque de lasser certains lecteurs qui pourraient alors se détourner d’une si belle plume qui sait mettre intelligemment en lumière les problématiques sociétales actuelles.
