Delargy, James ; traduit de l’anglais (Irlande) par Maxime Shelledy et Souad Degachi
Policier & Thriller
Paris : HarperCollins, 2021, 467 pages, 20 €
🙂 🙂 Disparition dans le désert australien
Emmaline Taylor, inspectrice à la police criminelle à Perth, part enquêter sur la disparition d’une famille dans le village isolé de Kallayee, dans le désert australien. L’ancienne cité minière a été abandonnée par ses habitants lorsque le filon s’est tari. L’endroit est tranquille, de quoi se faire oublier.
Et c’était bien l’objectif de Locran et Naiyana Maguire, partis avec leur fils de six ans pour des raisons peu orthodoxes. Ils ont décidé de s’installer dans une maison pas trop effondrée pour quelques semaines. Le temps que les choses se tassent. Mais Dylan prend peur la nuit car il entend des grondements qui l’empêchent de dormir. D’abord sceptiques, Locran et Naiyana découvrent traces et apparitions furtives révélant qu’ils ne sont pas tout à fait seuls à Kallayee.
Peu après Noël, la famille semble avoir disparu des radars. Plus personne n’a de nouvelles. Que sont devenus les Maguire ?
Thriller australien prenant mais non sans bémols
Fort de son premier succès « Victime 55 », James Delargy, écrivain baroudeur, nous livre un thriller qui s’annonceinquiétant. De fait, les premiers chapitres sont oppressants, et le lecteur est d’emblée fasciné par le destin, sans doute tragique, de la petite famille. Plusieurs mystères entourent les Maguire. D’abord leur désir d’isolement total, et ensuite la présence ressentie sur place.
Delargy a l’intelligence de fractionner son récit selon le point de vue alterné de ses personnages principaux. L’enquête d’Emmaline évolue donc au même rythme que les dernières semaines vécues par les Maguire. Un choix narratif judicieux.
Delargy n’accorde aucun temps mort à son lecteur. Mais l’intrigue souffre d’un manque de d’éléments descriptifs pour conserver cette atmosphère accablante ressentie au début du livre. La suite paraît trop rationnelle, factuelle, et l’enquête semble un peu longuette. On est étonné du degré d’irresponsabilité et d’immaturité des parents. L’amour surgissant soudain dans l’intrigue, de façon décisive, paraît aussi tiré par les cheveux. Mais soit, sans doute faut-il trouver cela plausible, après tout.
Le personnage de l’inspectrice aurait gagné à être creusé, car il est prometteur au premier abord : une femme noire, libre, audacieuse et sans complexe. Les éléments qui auraient pu se développer à partir de là sont à peine esquissés, au seul profit de l’enquête.
Un début mené tambour battant, dans le plus pur style du thriller, mais qui perd un peu de son intensité par la suite. « Sous terre » offre cependant un très bon moment de lecture.