Mangin, Valérie (scénario); Dupré, Steven (dessin) ; d’après la nouvelle de Liu Cixin; couleur Cyril Saint-Blancat
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2022, 66 pages, 17,95 €
🙁 🙁 Les futurs de Liu Cixin T.2
La passion de Yuanyuan pour les bulles de savon irritait son père depuis toujours. Lui qui avait voué sa vie à la protection de la Cité de la Route de la Soie contre une désertification galopante, ne pouvait admettre son goût pour la légèreté. Oublierait-il que nombre d’avancées scientifiques naissent d’une idée fantaisiste, jaillissent d’esprits originaux et créatifs ? (présentation de l’éditeur)
Liu Cixin, star mondiale de la science-fiction chinoise
Comme nous l’évoquions lors de notre critique du premier tome de la collection, Liu Cixin est une figure incontournable de la science-fiction contemporaine. Bénéficiant d’un succès énorme, l’auteur se voit associer à un ambitieux projet d’adaptation en BD porté chez nous par les éditions Delcourt. Ce deuxième album de la série, titréPour que respire le désert, est réalisé par la scénariste française Valérie Mangin (Alix Senator) et le dessinateur belge Steven Dupré (Kaamelott). Comme pour les différents tomes qui constitueront cette série, l’équipe s’est attelée à l’adaptation d’une nouvelle de l’auteur et explore un avenir possible de l’humanité.
Intriguelégère
Pour que respire le désert, basé sur la question de la sécheresse et de la désertification, adopte un angle large et étale son intrigue sur une grande partie de la vie de ses personnages. Nettement moins long que le premier tome qui proposait une approche similaire, le récit court au pas de charge derrière les événements et peine à nous faire ressentir quoi que ce soit pour ces protagonistes que l’on voit grandir et vieillir en vitesse accélérée. Cela est d’autant plus dommage que l’intérêt du tome, au-delà de son énigme scientifique dont les enjeux sont révélés dès la couverture, repose en grandes parties sur la relation entre le père et la fille.
Malaise écologique
Alors que le premier tome se basait sur un phénomène naturel (l’extinction du soleil), Pour que respire le désert plonge son intrigue au cœur du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la planète et sur l’humanité. Mais l’auteur, dont on peut ici franchement questionner l’engagement écologique, semble prendre acte de ce dérèglement. Il propose une réflexion autour d’une innovation technologique qui permettrait d’atténuer les effets du réchauffement mais n’interroge jamais les causes de ce dernier (la route de la soie évoquée dans l’intrigue est un exemple parfait de projet pharaonique néolibéral et mondialisé aux antipodes des enjeux écologiques). En somme, la BD pose un regard fataliste et techniciste sur notre société et sur notre futur qui pourrait déranger, pour le moins, le lectorat sensible aux enjeux écologiques.
Un album problématique
Après un premier album non exempt de défauts mais présentant de très beaux passages, la seconde livraison de ces « Futurs de Liu Cixin » ne convainc pas. Idéologiquement problématique et souffrant d’un rythme beaucoup trop soutenu, Pour que respire le désert est largement oubliable. Il ne nous empêchera pas de rester attentif aux prochaines livraisons de la série et de garder un œil sur ce projet ambitieux !