Jeux de mains

Après deux ans d’inactivité, le tueur en série qui a donné des sueurs froides à David Corduno refait surface à Bruxelles. L’Inspecteur Principal de la brigade criminelle, réputé meilleur enquêteur de sa génération, n’en revient pas : la mise en scène macabre, élaborée au plus haut point, reprend bien le point commun aux 5 victimes précédentes : une phalange est sectionnée et emportée (et retrouvée sur/dans une prochaine victime). Cette fois, le tueur machiavélique est passé à la main gauche. Corduno et son équipe pourront-ils l’arrêter avant le dixième meurtre?

Yves Laurent, un pseudonyme

Yves Laurent est un pseudonyme, derrière lequel se trouventYves Vandeberg et Laurent Vranjes. Amis depuis plus de 20 ans, riches chacun de leur vécu parfois chaotique, ils co-écrivent et publient leur premier polar grâce à un système de crowdfunding.

Pieter Aspe bruxellois

L’intrigue et les personnages sont volontairement bien ancrés en terre bruxelloise. Les auteurs fournissent même un glossaire brusseleir – français, tant les expressions locales fleurissent dans les dialogues. Les noms de rue, de stations de métro, de marques émaillent le récit, distrayant quelque peu le lecteur belge. Dire ostensiblement que l’on boit une Chimay bleue ou une Tripel Karmeliet manque parfois de naturel et frise le placement de produit. De même que la verbalisation d’émotions dans des moments de tension (« Je suis perturbé par cette tragédie ») semble parfois artificielle.

Mais soit ! Les personnages sont attachants, et la belle bande d’amis que forment les principaux protagonistes fonctionne. On sent dans l’amitié entre David Corduno et son second, Michel, la même relation qui unit les auteurs. Entre bons mots et gouaille populaire, « Jeux de mains… » évoque l’ambiance Pieter Aspe, dont je ne suis ni habituée ni friande. La comparaison s’arrête donc là. Les vrais amateurs de l’auteur brugeois jugeront de la similitude.

Tueur en série et massacres à gogo

Un changement de point de vue nous dévoile les pensées du tueur en série, sans pour autant dévoiler son identité. Les mises en scène macabres, résultant d’un cerveau malade, sont bien sinistres, et le récit par un médecin légiste des souffrances vécues par l’une des victimes ravira les amateurs de sensations fortes (littéraires, du moins). Le dénouement laisse beaucoup de questions en suspens, mais l’ensemble est prenant, bien ficelé et réaliste (quant au déroulement de l’enquête). Nous attendons avec impatience la suite des aventures de Corduno et de sa brigade, déjà en cours d’écriture.

Barbara Mazuin