Duval, Fred & Pécau, Jean-Pierre (scénario); assistés de Fred Blanchard; Ponzio, Jean-Michel (dessin et couleur)
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2019, 55 pages, 14.95 €
🙂 🙂 C’était il y a 60 ans, mais tout aurait pu être bien différent !
Le 21 juillet 1969, si ce ne sont pas les Américains qui font un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour l’humanité ? Si ce premier pas est posé par un Russe, alors, ça change complètement la donne !
C’est sur ce principe de réécrire l’histoire que se base la série Jour J. Chaque volet de Jour J se pose la question suivante : « Et si ? ». Et si Jésus ? Et si Ben Laden ? Et si le Titanic ? Une manière originale d’imaginer le monde si l’histoire avait fait un petit pas de côté.
Quelle meilleure prison que la lune ? L’évasion est un peu compliquée
Et le tome 37 nous renvoie à nouveau sur la Lune, 15 ans après le premier pas… Russe, en 1984.
La base lunaire de la « République Socialiste d’Europe » est une prison qui accueille tous les dissidents du parti sur un site de captage de l’Helium 3, nouvelle source d’énergie qui est envoyée par capsule sur la Terre.
Mais sur la Lune, la République ne fait pas loi, dans cette prison à 384 000 km de la Terre.
L’ordre, ou plutôt le désordre, est entretenu par des bandes rivales qui tentent de s’accaparer le plus de pouvoir pour faciliter leur survie dans ce milieu hostile, sans foi ni loi.
Autant dire que Babette et Félix, fraichement promus au grade de prisonniers lunaires, vont devoir vite faire leur place dans cette jungle humaine, s’ils veulent un jour retourner sur Terre. Il faut donc vite choisir son clan, et le bon !
Réécrire l’histoire, mais en restant crédible
Le principe de Jour J est assez excitant, surtout si comme moi on est féru d’histoire, sachant que dans ce concept, tout est possible.
On découvre alors une autre vision des faits et leurs conséquences sur les relations géopolitiques, qui, grâce à un petit détail, se redessinent pour coller au mieux à une nouvelle réalité.
Les histoires de jours J sont originales mais restent crédibles, tenant compte de la situation réelle et de la manière dont elle peut pertinemment évoluer.
C’est prenant, rythmé et bien ficelé. D’où l’envie de me plonger dans les tomes précédents.
Seul gros bémol pour moi : le dessin qui tire plus vers le roman photo que vers la bande dessinée.
Pierre-Emmanuel Mullier
Miller, Jax
Policier & Thriller
Paris : Flammarion, 2019, 388 pages, 21 €
🙂 🙂 Jax Miller, c’est l’Amérique - critique complète
La plupart des lecteurs des « Infâmes » se déclaraient déjà ravis par ce portrait au vitriol d’une certaine Amérique, à travers le personnage révolté de Freedom. Nous n’avons pas eu l’occasion de le lire et donc de l’apprécier, mais « Candyland », le deuxième titre de Jax Miller, nous permet de nous rattraper. Avec quel bonheur !
L’action se déroule dans un endroit inhospitalier de l’Amérique profonde, une ancienne ville minière de Pennsylvanie. Autrefois prospère, elle possédait même son parc d’attraction, Candyland. Plusieurs communautés y coexistent bon gré mal gré. Parmi celles-ci, les Amish. Sadie Gingerich tient seule sa confiserie, qui marche pas mal. Pourtant Sadie n’est pas en reste pour râler contre la ville, ses habitants et ses nuisances. Elle en fait largement profiter la police, dont l’inspecteur Braxton. Lui est à une semaine de la retraite, après 35 années de bons et loyaux services. Il n’a pourtant jamais pu monter en grade. Sa femme est une mégère qui collectionne de façon notoire les amants, et sa nièce, qu’il a élevée, est une junkie. Est-ce pour cela qu’il étouffe dans son mariage et a des problèmes d’alcool ?
Le fils de Sadie, Thomas, est aussi commerçant, mais surtout un célibataire très en vue, et qui profite de son statut. Sadie et son fils ne se voient guère, et elle n’a de cesse de s’inquiéter pour lui…jusqu’à ce qu’on retrouve le cadavre de Thomas dans une ancienne galerie.
Jax Miller est une jeune trentenaire d’une maturité étonnante. Passée par les griffes de l’héroïne, marquée par la violence des Etats-Unis, qu’elle a traversés, elle vit à présent en Irlande. Ce vécu, rapidement résumé, donne naissance à une intrigue socialement ancrée, et à des personnages forts, à la psychologie bien campée. Chasseur d’ours, trafiquants de drogue, rendez-vous clandestins à Candyland, nouveaux meurtres…Braxton poursuit son enquête au fil des saisons. Un polar-fleuve, sombre et attachant.