Publié pour la première fois en français en 1985 chez Albin Michel (dans une traduction de François Lasquin), « La danse de l’ours »fut republié en Série Noire en 1994.
Cette édition-ci, proposée par Gallmeister fin 2018, repose sur une nouvelle traduction (de Jacques Mailhos) et se voit agrémentée de superbes illustrations (dont celle de la couverture) d’Aude Samama. Bel objet et édition actualisée donc. Il s’agit de la deuxième enquête de Milo Milodragovitch ; la première, intitulée « Fausse piste » se voyant simultanément et fort opportunément republiée chez le même éditeur, en « Totem », sa collection de poche.
Ancien détective privé, Milo bosse pour un militaire à la retraite, le colonel Haliburton, un « bienfaiteur congénital »qui met un point d’honneur à donner leur chance aux flics déchus et autres rescapés des guerres de Corée ou du Vietnam dans son entreprise -plutôt florissante- de sécurité. Nous sommes au début des années ’80 et, entre deux rails de cocaïne, Milo arrive à garder le cap, il semble presque sage et fait en tous cas figure d’élément stable chez Haliburton. Depuis quelques temps pourtant, il ressent comme une envie d’autre chose et quand une ancienne maîtresse de son père lui propose une petite affaire de filature très bien payée, il ne peut s’empêcher de l’accepter. Évidemment, l’affaire se révèlera bien plus complexe que prévu et Milo devra très vite recourir à ses anciennes compétences de spécialiste des armes à feu et autres engins explosifs.
Un nouveau classique du genre
Encore une toute belle exhumation d’un formidable texte tombé dans l’oubli à mettre au crédit des éditions Gallmeister ! Même s’il date de plus de trente ans, ce roman noir n’a réellement pas pris une ride et pourrait même très vite se ré-imposer comme un classique du genre. Au-delà d’une intrigue principale pétaradante et agrémentée de quelques sous-intrigues qui la tonifient si besoin était, on y sent une véritable « patte » d’écrivain, un ton à nul autre pareil. Pour vous donner une idée, disons qu’on pourrait raccrocher James Crumley à Jim Harrison pour le côté « americana » et à Donald Westlake ou Joe Lansdalepour l’humour caustique qui le berce et la nervosité permanente de son style imagé. On ne s’ennuie pas une seconde et en même temps, on ne peut s’empêcher de remarquer la qualité de l’écriture et le sens de l’observation de l’auteur, qui nous pousse plus souvent qu’à notre tour à nous attarder sur certains passages ou à en relire d’autres. Du polar, certes, et du tout grand art !