Entre une femme poursuivie dans les bois en pleine nuit par on ne sait quel animal, un vieillard se prenant pour un colonel à la recherche d’allemands, un ancien policier réac, un milliardaire truand complètement détraqué et obsédé, et, Mowgli, enlevé, enfant, de griffes peu scrupuleuses pour devenir, adulte, le chouchou d’un homme démoniaque alléché par une hypnothérapeute peu conventionnelle, tous les ingrédients sont réunis pour un menu haut en curiosité malsaine et morbide…

Roman en trois parties

La première comme une introduction où l’on fait connaissance avec les personnages sans trop comprendre le lien, laissant le lecteur averti perplexe et tenté d’abandonner la lecture. Qu’à cela ne tienne, la seconde et la troisième (et dernière partie), l’éclairent, ce lecteur, certes dans des orgies diaboliques mais également dans le comportement et le fonctionnement de ces êtres mi-humains, mi-animaux et notamment dans celui de K.A. dont les déviances sexuelles sont exponentielles.

Multitude de personnages

Tous aussi machiavéliques et loufoques les uns que les autres, les personnages d’origine sont bien présents, caricaturés dans ce qu’ils ont de plus vils en eux, leurs tics et leurs tocs et leurs attitudes animalesques.

L’auteur précise d’ailleurs dans sa note : Ce roman est une adaptation du recueil de nouvelles et de chansons Le livre de la jungle, écrit en 1894 par l’écrivain britannique Rudyard Kipling.

Interdit

C’est un peu le sentiment ressenti à la lecture de cette initiation tant ce roman noir déconstruit totalement le souvenir bisounours des personnages d’origine, ceux de l’enfance naïve et imaginaire.

Le rythme est rapide avec des chapitres courts et une écriture simple, crue, allant à l’essentiel.

Un roman réunissant tout ce qu’il y a de plus violent Au premier coup, franc, directement porté entre le radius et le scaphoïde, la main de Daniel Sévigny se distancia de son bras en propulsant quelques jets d’hémoglobine spectaculaires (P. 88), d’immoral, de corruptif, de décadent, de grinçant, de dérangeant, …

Un livre avec une magnifique couverture aux couleurs sombres sur laquelle prédomine déjà un avant-goût pour la domination, la force, la puissance, l’énergie, le regard hypnotisant de la manipulation.

A ne pas mettre entre toutes les mains sans bénéficier d’un second voire d’un troisième degré obligatoire face à cette lecture gore à l’humour extrêmement décalé.

Hélène Monin