Nouvelle mission pour le Tueur, toujours sous l’égide de la DGSE, qui, après l’affaire du Havre (dont nous vous avons parlé dans cet article et dans celui-ci), l’envoie dans un chalet isolé des Cévennes, avant de lui désigner une cible à Nîmes. Bien qu’il s’en défende (« pourquoi [la DGSE a] décidé d’abréger l’existence de cet homme, ce n’est pas mon problème, et je m’en fous »), le Tueur va pourtant tenter de comprendre ce que ce type, de prime abord tout à fait normal, paisible et sans histoire, a pu faire pour mériter la mort. D’autant qu’après lui, ses commanditaires désignent très rapidement une deuxième cible, du même genre et résidant dans la même ville.
Parallèlement, alors qu’il explore les alentours de son chalet, le Tueur se rend compte que ses plus proches voisins développent des activités non seulement irrégulières mais en plus, franchement nauséabondes. Là aussi, il tente d’abord de se réfréner (« Aider les gens, ce n’est pas vraiment mon truc »), mais est-ce une envie d’atténuer la dureté générale de la société, d’estomper brièvement sa cruauté latente ou tout simplement, sont-ce les circonstances ou même l’opportunité, qui sait, toujours est-il que cette fois, de manière plus assumée peut-être, le Tueur va se découvrir des accès de moralité….
Une fiction inspirée de faits et dossier réels
La série « Le Tueur », ou comment éviter aux malheureux chroniqueurs de se répéter à chaque nouvelle parution ? Comment encore qualifier de manière originale le dessin de Jacamon, sans tout simplement écrire qu’il capte l’attention de manière immédiate par la justesse de ses traits, parfaitement mis en valeur par des couleurs lumineuses et tranchées ? Qu’il adopte la plongée ou la contre-plongée, qu’il en reste à des vues d’ensemble ou opte pour un gros plan, que ce soit dans le cadre de scènes d’action pure, de dialogues ou d’illustrations de récitatifs, l’art de Jacamon est tout bonnement époustouflant. Dire qu’il sert à merveille le scénario millimétré de Matz relève aussi de l’enfonçage de porte ouverte. Même si on a toujours senti une propension chez le Tueur à revêtir ses prestations professionnelles d’une once de moralité, le début de ce nouveau cycle semble le mener sur la voie de ce qu’on qualifierait, dans un récit plus basique, comme celle du bien. À voir bien sûr si cela se confirme dans le tome suivant. Le communiqué de presse joint à l’album précise que nous sommes plongés ici dans une fiction inspirée de faits et dossiers réels. Précision qui insuffle un petit côté glaçant à une intrigue passionnante, crédible et évocatrice de réalités actuelles mixées avec de sombres affaires politico-criminelles passées. Un must dans le genre, dont on attend la suite avec un mélange d’appréhension et d’envie.