Le tueur : Affaires d’état : Volume 2 : Circuit court

Matz (scénario); Jacamon, Luc (dessin)
Bande dessinée
Bruxelles, Casterman, 2020, 56 pages, 11.50 € (Ligne rouge)

🙂 🙂 Dans le camp du bien ?

Engagé -un peu contraint et forcé- par la DGSE, le Tueur est intégré dans une petite équipe chargée d’« assainir » la ville du Havre. Sous ses dehors d’importante cité de province, Le Havre grouille effectivement de bandes de trafiquants de drogue, très actives et composées d’éléments ultra-violents. En perpétuelles luttes de pouvoir et de territoire, ces bandes n’hésitent pas à s’affronter en terrain découvert ou à nouer des alliances avec des réseaux clandestins aux objectifs plus obscurs. Ce sont ces réseaux-là que la DGSE vise, redoutant une nouvelle vague d’attentats terroristes. Sous couverture -il joue le rôle d’un modeste employé de bureau- le Tueur se cantonne à son rôle, il obéit aux ordres sans donner son avis, il sait qu’il ne changera pas le monde, il n’est même pas sûr d’être dans le camp du bien.

Philosophe taiseux.

Entamé avec « Traitement négatif » (publié en janvier 2020), ce nouveau cycle voit notre Tueur, ordinairement indépendant et solitaire, se muer en serviteur et défenseur de l’État français. S’il semble apprécier ses nouveaux collègues et faire preuve d’esprit d’équipe, il n’en reste pas moins le philosophe taiseux et quasi-misanthrope qu’il a toujours été, livrant le fruit de ses réflexions intérieures via les récitatifs qui parsèment les planches.  Ainsi sur le monde du travail dans lequel il s’est immergé avec aisance : « Parfois, je me dis que le travail sert surtout à occuper tous ces gens, qui ne sauraient probablement pas quoi faire de leur temps, sinon. Ça leur donne un endroit où passer leurs journées, ça leur évite d’être livrés à eux-mêmes, d’être seuls… ». Un regard toujours aussi critique, franc et dénué de tout politiquement correct sur notre XXIe Siècle, qui se goupille parfaitement avec une intrigue blindée à la Matz, rebondissante et actuelle. Le dessin de Jacamon reste magnifique, d’un réalisme parfaitement adapté au scénario, dynamique, clair et précis. C’est à suivre bien sûr (et il vaut mieux lire le tome 1 avant celui-ci) et c’est de la bande dessinée polardeuse de haut niveau.
Nicolas Fanuel

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