Les chants de Nüying

Querbalec, Emilie
Science-fiction
Paris : Abin Michel, 2022, 467 pages, 22.90 € (Collection Imaginaire)

🙂 🙂 J'entends le chant des sirènes

La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie. La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines. Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années. Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ? (présentation de l’éditeur)

Retour d’Émilie Querbalec

Après Quitter les monts d’automne en 2020, Émilie Querbalec revient dans l’excellente collection « Albin Michel Imaginaire » pour un second roman tout aussi surprenant et réussi. Les Chants de Nüying se découpe en trois grandes parties comme autant d’étapes vers l’exoplanète annoncée dans le titre : préparation du voyage, voyage, découverte de la planète. Mais ce schéma, tout à fait classique, cache mal l’ambition de l’autrice. Car loin de dérouler une intrigue linéaire, elle joue avec les codes traditionnels de la science-fiction pour développer une réflexion toute en nuance mais d’une surprenante profondeur sur quelques motifs incontournables du genre : voyages interstellaires, quête de l’immortalité, découverte et colonisation de nouvelles planètes. Autant de thématiques abordées dans toute leur complexité avec une grande sensibilité. Car, toujours tournée vers l’humanité de ses personnages, l’autrice s’attache avant tout à comprendre leur fonctionnement, leur logique et leur ressenti face à des épreuves qui les dépassent largement. Loin d’apporter des réponses simples et claires à des problématiques d’une infinie complexité, elle fait le choix de l’intelligence et ouvre plus de portes qu’elle n’en referme.

Mais qu’ais-je fait de ma vie ?

Présenté comme un roman de premier contact, Les Chants de Nüying repousse sans cesse la promesse faite en début d’intrigue pour proposer une ambitieuse fresque de science-fiction à visage humain. Si les éléments de SF, bien présents, et le caractère aventureux de l’intrigue raviront les amateurs du genre, le roman se plaît à jouer avec les codes narratifs du genre. Souvent inattendu, parfois même déroutant, il brasse un impressionnant nombre de thématiques sans jamais se perdre ou perdre le lecteur. Qu’il questionne notre désir d’infini, notre envie d’ailleurs, notre fascination pour l’altérité ou encore notre quête de spiritualité, Les Chants de Nüying pose avant tout cette question, aussi intime qu’universelle : À quels sacrifices sommes-nous prêts à consentir pour réaliser nos rêves ? Un voyage fascinant qui pourrait ravir bien au-delà du lectorat acquis à la science-fiction.
Nicolas Stetenfeld

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