Maggie fuit son père alcoolique pour se réfugier à Port Douglas et vivre dans le strict anonymat. Elle espère y vivre la liberté mais c’est un job de serveuse qu’elle trouve et qui semble lui convenir, jusqu’au jour où un homme entre dans le bar et l’interpelle de manière peu conventionnelle. Encouragée par son patron à servir ce type désagréable, elle obtempère, non sans une certaine amertume. Puis, un évènement vient réveiller la colère qui vit en elle et c’est le début de la violence mais aussi de la fuite et du retour à Melbourne pour affronter l’héritage de son passé.

Violence sourde et mauvaises rencontres

Maggie est habitée par la rage, pas celle de la surmonter pour en faire quelque chose de bien. Non, celle qui est destructrice, celle qui entretient les trahisons récurrentes, la méfiance permanente, celle qui multiplie les rencontres malsaines. Malgré la haine qui bouillonnait en elle, Maggie comprit que cette femme était bien plus intelligente qu’elle ne le montrait, et que, dans ce contexte, intelligente signifiait dangereuse. P. 88

En s’éloignant de son père, elle cherche probablement à fuir la violence de celui-ci, l’abandon de sa mère lorsqu’elle était petite et le refuge dans l’anonymat mais c’est tout le contraire qui se passe….Un élément déclencheur la met dans un état de transe incontrôlable et elle frappe…le premier coup !

Ensuite, ce n’est que fuite et course poursuite, ponctuées de rencontres de tous ordres, les anciens amis de son père, un gang de motards et la police qui la recherche activement pour la mettre hors d’état de nuire.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : nuire !

Mais à qui réellement ? Aux autres ? À elle ?

Harrison et elle n’avaient pas la même vie. Il respectait la loi et l’ordre et rentrait chez lui tous les soirs. Quant à Maggie, la mort de son père avait ouvert une porte donnant sur un monde de ténèbres, sur un reflet distordu de la réalité dans lequel rien n’avait de sens et où le danger guettait à chaque coin de rue. P. 56

Abîmés par la vie et la mort aux trousses

Et, en effet, tout le long du roman, l’on sent une colère profondément enfouie dans tout l’être de Maggie, un besoin vital de connaître l’origine de l’abandon de sa mère, une incompréhension totale de la violence de son père, pourtant très respecté en tant que flic.

Mais elle n’est pas la seule à tenter de survivre auprès de ce sentiment destructeur, les « amis » flics de son père semblent l’être tout autant par les malversations et compromis secrètement et loyalement respectés dans leur passé, afin de protéger leur carrière et leur famille. Pendant longtemps, il voulut croire que c’était la principale raison qui l’avait poussé à accepter P.149

Perplexité

Face à une quatrième de couverture, un prologue tout aussi aguicheur qu’une écriture fluide, mon goût du suspense s’est activé pour rapidement retomber… Non, la lectrice passionnée de nouvelles découvertes n’a pas accroché…ni à cette violence sourde, ni à cette fuite permanente, ni à ces personnages ayant tous un passé trouble et douloureux. M’étant tournée, par curiosité, sur les critiques de Babelio afin de vérifier si d’autres avaient ressenti la même chose, j’ai constaté que pas mal de personnes ne partagent pas mon sentiment et que, la plupart, ayant lu La Chasse, le premier roman de l’auteur australien, étaient heureux de retrouver Maggie et de comprendre mieux cette colère qui l’anime.

Je crois que j’aurais aimé plus de développement de la psychologie des personnages, de leurs émotions, de leur vécu afin d’évoluer avec eux dans cette course-poursuite en comprenant cette avalanche de violence sans retour en arrière, c’est probablement ce manque-là qui a amené ma perplexité face à une longueur et une lenteur m’ayant parues interminables.

Hélène Monin