Rodolphe (scénario) & Griffo (dessin)
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2024, 47 pages, 13,50 €

🙂 🙂 Des greffes d'existence qui ne prennent pas

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil dans le monde de Will Jones. Dirigée par le couple « Andy et Carla », qui apparaissent régulièrement sous forme d’hologrammes à tous les citoyens, la société assure bonheur et confort matériel à tous ceux qui suivent la ligne. Ainsi, Will bénéficie-t-il d’une compagne androïde parfaite, qui assure l’intendance de son domicile et lui procure tous les plaisirs charnels qu’il souhaite. Pour ceux qui ne suivent pas la ligne, les délinquants, la vie est beaucoup moins rose : relégués dans les bas-fonds, sans soins médicaux, sans travail, ils sont souvent poursuivis par des « nettoyeurs ». Dans ce deuxième tome, Will est devenu l’un d’eux. Sa faute ? Avoir possédé plusieurs livres, les avoirs lus et être entré en contact avec une charmante délinquante. La police d’Andy et Carla, ayant mis la main sur lui, va tenter de le « reconditionner » en lui greffant chimiquement, contraint et forcé, une nouvelle identité. Le processus se révèle bancal, obligeant ses tortionnaires à réitérer leurs tentatives à de multiples reprises, faisant vivre mentalement à Will plusieurs existences successives… auxquelles ni son cerveau ni son corps ne vont adhérer.

Une série qui pourrait ouvrir l’horizon des plus jeunes

Autant nous avions largement adhéré au premier tome de cette nouvelle dystopie signée par le prolifique scénariste Rodolphe, autant ce deuxième opus nous a-t-il paru plus indigeste. En cause : la multiplication des existences que la police tente de faire vivre artificiellement à Will et qui au final, ne mènent à rien et ne font pas réellement avancer l’intrigue… Celle-ci reste au demeurant formidablement servie par le dessin réaliste de Griffo qui nous avait déjà, dans les années ’90, régalé avec « SOS Bonheur » (sur un scénario de Van Hamme), une collection de courts récits dont on retrouve d’ailleurs certains thèmes ici (la surveillance, la réécriture de l’histoire, les soins médicaux réservés…) et eux-mêmes en ligne directe avec le « 1984 » de Orwell ou le « Brave new world » de Huxley. On sent donc un peu le remplissage de pages par moments, mais on se dit que si cette série peut ouvrir l’horizon des plus jeunes et les mener à découvrir ne fût-ce que ces deux romans-là, Rodolphe et Griffo auront fait du bon boulot. Et puis, soyons de bonne foi, le final nous donne quand même sérieusement envie de découvrir la suite et la fin dans un troisième tome prévu en septembre de cette année.
Nicolas Fanuel

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