L’inspecteur Zack Herry semble enfin être sorti de la spirale de la drogue. Il vit à présent une relation stable avec Mera, une femme d’affaires avec laquelle il se fiance. Très vite, elle lui apprend qu’elle est enceinte. Ils vont emménager ensemble. Zack n’est pas sûr de mériter ce bonheur, mais il sent qu’avec Mera, il peut se poser. Il veut se poser. Et cela malgré le corps de Hebe, auquel il tente de résister.
Malgré aussi cette sombre affaire : des adolescents issus de milieux privilégiés sont retrouvés morts, entretués sur l’île où ils fêtaient la Saint Jean. L’hypothèse de la secte qui inciterait au suicide collectif est vite écartée, car une substance serait à l’origine du massacre : des cachets roses, marqués de l’image de Bambi, pousseraient les consommateurs à tuer, avant de se donner la mort. Le profit n’est pas le but, puisque les clients ne consomment qu’une seule fois. Stockholm a-t-elle affaire à un tueur de masse ?
Zack aura-t-il les ressources pour faire aboutir l’enquête, sans sombrer à nouveau ?
Flic taraudé par ses addictions
« Zack » et « Leon », les deux premiers tomes de la série proposée par Kallentoft et Lutteman, nous avaient déjà fait forte impression. Zack Herry est un personnage de flic comme on les aime : intrépide, habile et fragile à la fois. Sujet à diverses addictions, Zack bénéficie de contacts privilégiés dans le monde des dealers. S’il semble à présent sorti de ces lieux de perdition nocturne, Zack est toujours taraudé par l’image de sa mère, une femme froide qui ne lui a jamais accordé son amour. Les auteurs lèvent un grand pan sur les origines familiales de Zack de façon assez prévisible, et qui n’explique pas certaines motivations criminelles. Difficile d’être plus clair sans dévoiler ce point de l’intrigue.
Ecriture nerveuse et personnages attachants
Le tour de force de Mons Kallentoft et de Markus Lutteman réside en cette écriture nerveuse, qui fait mouche à chaque fois. Le prologue, qui détaille une folle poursuite qui va se dérouler en réalité ultérieurement aux meurtres, saisit d’emblée le lecteur :
« L’univers se révolte. Tout n’est que tempête, hurlements. Les bourrasques de vent, le grondement de la moto. La mort qui cherche à lui cisailler les jambes.
Le monde est un mur qui se dresse contre le corps de Zack, dense et glacial dans la nuit noire. Comme s’il tentait de l’arrêter, de l’empêcher de s’envoler.
Des deux côtés de la route étroite qui traverse la forêt les arbres défilent, hauts et flous.
Zack jette un œil dans le rétroviseur, ne voit plus de phares derrière lui. Peut-être a-t-il malgré tout réussi à semer la voiture. »
Les deux comparses dédient aussi quelques mots bien utiles aux personnages gravitant autour de Zack : sa partenaire homosexuelle Deniz, l’inspecteur non-voyant Rudolf, Sirpa, l’informaticienne douée interdite de terrain à cause de sa jambe.
Enfin, les auteurs livrent une intrigue bien actuelle, avec les réseaux sociaux qui font tourner des images du massacre avant même que les parents des victimes ne soient prévenus (« Mais de nos jours tout va trop vite »), ou la course à la popularité d’une jeunesse en manque de repères.
La fin de « Bambi » augure une suite et non une trilogie qui prendrait fin. Du moins est-ce notre vœu pieux !