Au nom du bien

Hinkson, Jake ; traduit de l’américain par Sophie Aslanides
Policier & Thriller
Paris : Gallmeister, 2019, 320 pages, 22.60 € (Collection Americana)

🙂 🙂 🙂 🙂 L'habit ne fait pas le moine

Richard Weatherford est le pasteur d’une petite ville de l’Arkansas, État du sud des États-Unis connu pour sa morale conservatrice. Figure reconnue et respectée dans sa communauté, il est marié à Penny et père de cinq enfants. Cette image modèle entretenue depuis de nombreuses années comme un bien des plus précieux risque pourtant de voler en éclat. Car Richard cache un lourd secret : il a fauté… avec un jeune homme. Et lorsque ce dernier lui réclame 30 000 dollars en échange de son silence, le bon pasteur va tout tenter pour sauver sa réputation. 

Du pur roman noir

Découvert en 2015 dans l’excellente collection Neonoir des éditions Gallmeister, Jake Hinkson fait partie des innombrables auteurs américains que cette maison d’édition nous fait découvrir depuis plus de 10 ans. Ce quatrième roman de Hinkson paru en français prouve encore une fois que le roman noir est une véritable arme à la précision chirurgicale lorsqu’il s’agit de dénoncer les travers d’une époque, en l’occurrence celle d’une Amérique hypocrite et intolérante prête à élire un certain Donald Trump. 

Efficace et radical

Si l’on devait retenir une caractéristique des récits de Jake Hinkson se serait indéniablement leur efficacité et leur narration nettoyée à l’os. Ici, rien n’est superflu : roman choral où chaque chapitre met en avant un personnage, Au nom du biendéploie une mécanique parfaitement huilée. Tissant une inextricable toile de mensonges, de trahisons et de veuleries, le roman nous mène tambour battant à un dénouement laissant peu de place à l’espoir.
On peut sourire durant la lecture. Le roman n’est pas dépourvu d’une certaine ironie noire. Mais il délivre surtout une morale dont les amateurs de l’auteur américain ont l’habitude : le vernis de la bienséance est effroyablement mince et notre soi-disant civilisation n’est qu’un apparat bien superficiel cachant mal une violence toujours latente. La bonté humaine, la tolérance et le pardon, pourtant défendus avec conviction par le pasteur Richard Weatherford durant ses homélies dominicales,ne sont que des illusions prêtes à voler en éclat lorsque l’homme est mis au pied du mur. Au nom du bien enfait la démonstration glaçante. Une réussite totale.
Nicolas Stetenfeld

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