Infestation

Boone, Ezekiel; traduit de l’anglais (États-Unis) par Jérôme Orsoni
Fantastique
Actes Sud, 2018, 384 pages, 22.50 € (Collection Exofictions)

🙂 🙂 🙂 Si on se faisait une toile?

Second volume de la trilogie d’Ezekiel Boone, consacrée à l’invasion arachnide, « Infestation » enfonce le clou !

Les récits d’invasion sont très nombreux. Il s’agit là d’une peur viscérale, d’autant plus prégnante que l’envahisseur semble insaisissable. Et c’est une des particularités de cette histoire cauchemardesque. Une espèce d’araignées mangeuses d’hommes a été mise au jour, au départ de la découverte d’un sac organique rempli d’oeufs, enfoui sous les symboles de Nazca, au Pérou. Peu après, la Chine se résout à employer l’arme nucléaire sur son propre territoire. Elle tente par là d’enrayer la progression d’une invasion mortelle, fait de créatures arachnides à l’appétit…dévorant. En fait, toutes les parties du monde semblent touchées. Bientôt, le port de Los Angeles est le cadre d’un accident maritime qui va permettre aux horribles nuées noires de fondre sur les USA.

Jusqu’à ce que les araignées meurent toutes, d’un seul coup. Fin du cauchemar ?

Que nenni ! Boone poursuit son travail de sape contre l’humanité. La panique gagne les populations, la suspicion entraîne des actes barbares, des individus opiniâtres se découvrent des talents d’orateurs christiques. Et la survie s’organise. A la tête des États-Unis, la Présidente se résout à appliquer le protocole espagnol, consistant au sacrifice d’une partie de la population sur un territoire donné et au strict confinement. Mais cela suffira-t-il ? Des sacs d’oeufs sont régulièrement mis au jour, des araignées plus grosses et ornées d’une ligne rouge sur le dos apparaissent ; on parle même de la présence de très gros spécimens, nourris par des armées fébriles. Bientôt, l’évidence de la nécessité d’employer également la bombe atomique l’emporte sur l’optimisme béat. Des scientifiques en herbe n’ont-ils pas mis au point une arme fonctionnant grâce aux ondes électromagnétiques, capable de stopper la marche des araignées ?

Si ce deuxième volume connaît quelques temps morts – notamment dans la description de pans de vie d’une famille insulaire – l’émotion et l’horreur sont encore bien présents, au travers de quelques scènes véritablement traumatisantes (là, une femme, paralysée, se fait manger par petits bouts par une horde d’araignées et bientôt, un organisme bien plus gros descend les escaliers de l’étage… ; là un père de famille observe les premières déflagrations atomiques, au loin…). Ce qui éclate encore plus clairement que les corps bourrés d’araignées du premier volume, c’est la construction du roman, réfléchie pour entrer parfaitement dans le cadre d’une exploitation télévisée.

Alors, oui, intrinsèquement, le thème n’est pas très original, oui on pense à d’autres œuvres du même acabit, oui on peut considérer que l’auteur a pris plaisir à délayer son sujet pour couvrir les impératifs d’une trilogie (3° volume à paraître, sûrement début 2019), mais bon sang quelle avidité dans la lecture, quels frissons délicieux elle nous procure !

Sans aucun doute, « Eclosion » et « Infestation » feront partie des lectures pleinement satisfaisantes de cette année.

Eric Albert

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