Kosmos

Perna, Pat (scénario) ; Bedouel, Fabien (dessin et couleur)
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2021, 210 pages, 27.95 €

🙂 🙂 🙂 Un grand pas pour l'humilité

La course aux étoiles

La conquête de la lune, outre une aventure extraordinaire tant humaine que technologique, a également été le cadre d’un affrontement politique entre les deux grandes puissances de l’époque : les États-Unis d’Amérique et l’URSS. Après les exploits soviétiques du satellite Spoutnik et de la sortie dans l’espace de Youri Gagarine, les États-Unis, meurtris par leur ego et leur patriotisme se devaient de réagir et de supplanter, en ambition et en puissance, les projets qui se préparaient au-delà du rideau de fer.
John Fitzgerald Kennedy l’avait promis : un américain marchera sur la lune avant les seventies…
Armstrong concrétisera ce rêve, le 20 juillet 1969.
Ça, c’est l’histoire officielle, celle que la postérité a érigé en référence. Celle qui a été également décriée, sur base de l’observation des photographies prises sur la lune (si Armstrong a été le premier à poser le pied dans la poussière, qui a pris la photo de cet instant ? S’il n’y a pas d’atmosphère sur la lune, pourquoi le drapeau américain flotte-t-il ? Et Stanley Kubrick aurait-il pu filmer une supercherie dans les studios hollywoodiens?). D’un point de vue strictement personnel, je n’émets aucun doute quant à la réalisation effective de cette entreprise – et des quelques suivantes qui ont suivi – mais je reste sidéré devant la faiblesse technologique d’alors par rapport à celle d’aujourd’hui. Les ordinateurs étaient primaires, à peine quelques K de capacité et la pointe d’un stylo bille a permis de réparer un bouton de commande lors du voyage retour d’Apollo 11.

La vérité est ailleurs

Kosmos ne remet pas en cause la réalisation américaine. La bande dessinée propose une réalité alternative, somme toute terriblement crédible : et si les russes avaient déjà atteint la lune ? Pour Armstrong qui peut apercevoir, planté dans le sol lunaire, le drapeau soviétique, le doute n’est évidemment pas permis. Mais pourquoi le monde est-il resté ignorant de cet événement ?
En 210 pages où le noir prédomine (après tout nous sommes dans l’espace), les auteurs ont façonné un récit prenant, interpellant qui réussit même à semer un certain doute dans nos esprits. Ils révèlent l’existence d’un documentaire, « KOSMOS », vu, de nos jours, des millions de fois sur internet, qui retracerait l’expédition de l’astronaute Tatiana Terechmariova, destinée à devenir le premier être humain à fouler un sol extraterrestre.
Sur fond de propagande, de Guerre froide, de manipulations diverses, l’histoire de Perna et Bedouel offre également une réflexion sur le monde moderne, sur la puissance des images et de la diffusion de fake news, de la stratégie qui consiste à abreuver la population de données prétendument scientifiques avérées – mais pourtant totalement fausses – pour les convaincre de la véracité de faits.
Le résultat est édifiant, la majesté des images contrastant avec la froideur des propos. Les auteurs ont réussi à nous emmener dans un voyage planétaire qui nous scotche en même temps à nos réalités. Un volume qui comptera !
Éric Albert

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