La disparition d’Annie Thorne

Tudor, C.J. ; traduit de l’anglais par Thibaud Eliroff
Policier & Thriller
Paris : Pygmalion, 2019, 402 pages, 21,90 €

🙂 🙂 🙂 Des disparitions inquiétantes

« Une nuit, Annie a disparu de son lit. Il y a eu des recherches. Tout le monde imaginait le pire. Finalement, au bout de quarante-huit heures, ma petite soeur est revenue. Mais elle ne voulait pas – ou ne souhaitait pas – dire ce qui s’était passé. Quelque chose lui est arrivé. Je ne peux pas expliquer quoi. Je sais juste que, quand elle est rentrée à la maison, elle n’était plus la même. Elle n’était plus maAnnie. Je ne voulais pas avouer aux autres et encore moins à moi-même que, parfois, j’avais peur d’elle.
Et puis, il y a deux mois, j’ai reçu un e-mail: Je sais ce qui est arrivé à votre sœur. Ça recommence… »

Comment fuir ses souvenirs d’enfance ?

C.J. Tudor manie à merveille les intrigues quand il s’agit de nous faire retomber dans les lourds souvenirs de l’enfance et de l’adolescence. Déjà auteure du remarquable roman L’homme craie, elle nous plonge une fois de plus dans une ambiance lourde et sombre pour mieux nous faire entrer de plein pied dans ce thriller nimbé de fantastique angoissant.
Le roman commence par la description d’une scène de crime particulièrement macabre dans une famille sans histoire : une mère s’est suicidée d’une balle dans la tête après avoir assassiné son fils unique, persuadée que ce dernier n’était pas son enfant mais un être maléfique ayant pris sa place.
Le personnage principal, Joe Thorne, revient dans son village natal après avoir fui, il y a des années de cela, les douloureux souvenirs liés à la disparition et la, non moins inquiétante, réapparition de sa petite sœur de 8 ans, Annie. Acculé par les dettes de jeux, renvoyé de son ancien poste pour des raisons troubles, il trouve une place de professeur dans la petite bourgade de Arnhill. Son choix n’est pas anodin car il fait suite à la réception d’un e-mail qui l’informe que ce qui est arrivé à sa soeur il y a une vingtaine d’années s’est reproduit. Le village morne et toujours balafré par les immenses cavités minières depuis longtemps à l’abandon n’a guère changé depuis son enfance. Ce qui est immuable également, ce sont les anciennes connaissances d’adolescence, déjà malsaines à l’époque qui sont devenus des personnages aussi haut placés que violents. Il n’en faut pas plus pour raviver la sourde volonté de vengeance qui anime Joe.

Une influence fantastique à la Stephen King

D’un style haletant, mêlant habilement angoisse et touches d’humour, C.J. Tudor nous emmène au coeur de ce village rustique sans laisser le lecteur s’égarer. Tout comme le personnage principal, on veut comprendre ce qui est arrivé à Annie Thorne lorsqu’elle a disparu durant 48 heures et surtout qu’est-ce qui a bien pu provoquer son changement de comportement. De la petite fille joyeuse et curieuse, il ne reste rien. Une enfant sombre, taciturne et franchement inquiétante grandira au sein de la famille depuis le jour de son retour. Beaucoup de liens se tissent avec l’histoire de cette mère qui ne reconnaissait plus son fils après une disparition de quelques jours et plusieurs personnes semblent avoir beaucoup de choses à cacher.
L’intrigue du thriller, menée tambour battant, laisse la place à un dénouement lié à des croyances mystérieuses voire carrément horrifiques. On frissonne, on enrage, on rit, on s’inquiète et, plus que tout, on ne lâche pas le livre.
La disparition d’Annie Thorne est un excellent « page turner » que je ne peux que vous conseiller pour vos lectures estivales.
Aurélie Scholl

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