La faiseuse d’anges

Destombes, Sandrine
Policier & Thriller
Paris : Hugo poche, 2020, 378 pages, 7.60 €

🙂 🙂 🙂 Destins brisés

La commissaire Maxime Tellier se voit confier une enquête plus que délicate où d’horribles crimes sont commis sur des femmes.
Outre le mode opératoire identique pour chacune des victimes, elles entrent toutes dans la même tranche d’âge et ont en commun un épisode douloureux dans leur passé.
En parallèle, Max se sent épiée en permanence par celui dont elle essaye vainement de se souvenir depuis de nombreuses années alors qu’il a assassiné sa mère sous ses yeux.

Voyage au cœur de la Normandie

Les crimes se déroulent dans plusieurs régions de France comme Paris ou Avignon mais c’est plus particulièrement en Normandie et plus précisément dans la région de Lisieux que l’équipe est amenée à enquêter. Le rythme effréné des crimes et les nombreux rebondissements ne leur permettent en aucun cas de profiter de la région dont il n’est fait aucune description. Le lecteur se retrouve donc entraîné, malgré lui, dans une course haletante et passionnante jusqu’à la dernière page.

Une femme de tête, une (en)quête de cœur…

Max est dynamique et déterminée. Rien ne l’arrête, elle ne se reposera que quand l’enquête sera terminée et encore… C’est une femme de poigne qui gère une équipe qu’elle a totalement choisie elle-même tant pour le côté hétéroclite de leurs personnalités et formations que pour leur engagement sans faille dans leur boulot mais aussi dans la solidarité du groupe.
Mais, Max est aussi une femme brisée de l’intérieur par le drame vécu étant petite : l’assassinat de sa mère devant ses yeux. Elle a beau essayer de se souvenir, rien n’y fait, son cerveau refuse de lui ouvrir les portes qui lui permettraient de mettre la main sur l’homme qui a tué celle qu’elle chérissait. Toutes les tentatives sont vaines sauf…peut-être une…
La relation de Max à la gent masculine en général est très ambivalente. Elle éprouve souvent envers eux un jugement très acerbe et peu enclin à un quelconque sentiment positif.
C’est également son ressentiment à l’égard de son oncle qui l’a pourtant recueillie à la mort de sa mère mais quelque chose l’empêche de se rapprocher de lui et ce n’est pas le décès de sa tante qui l’amènera à plus de compassion pour cet homme qu’elle a toujours estimé froid et distant.
En revanche, la relation qu’elle entretient avec Enzo, son mentor, est totalement différente, de l’ordre de la relation père-fille, ils sont fusionnels.
Au fil de son enquête, Max est amenée à travailler avec Vincent, gendarme à Lisieux. Même si sa première approche se veut quelque peu ambigüe, très vite, les choses sont mises à plat et leur partenariat professionnel évolue en une belle amitié partagée par son épouse, elle-même en quête de ses origines.
Max entretient une relation particulière à l’égard des meurtriers également.
Avec le scalpeur, « elle avait l’impression de faire corps avec le meurtrier. Elle devinait ses pensées, reproduisait ses gestes. Elle pouvait même ressentir les battements effrénés de son cœur. » (P. 170)
Quant à l’assassin de sa mère, celui qu’elle cherche depuis de nombreuses années, elle sent qu’il est là, près d’elle, à l’épier, lui laissant des messages et s’introduisant chez elle.
Tous deux lui laissent des messages comme s’ils souhaitaient être découverts. Peut-être pour mettre fin à leurs secrets respectifs trop longtemps gardés ?

Un titre évocateur

Une faiseuse d’anges est une femme (le plus souvent non médecin) qui agit volontairement de façon à interrompre la grossesse non voulue d’une autre femme (wikipédia)
Les crimes sordides commis tout au long de l’enquête ont tous le même mode opératoire à savoir, notamment, des mutilations génitales ce qui peut amener rapidement le lecteur à faire le lien entre le titre du livre et le concept de maternité désirée ou non et à faire défiler les pages le plus vite possible pour découvrir l’origine de cet acharnement d’une violence rare.
L’enchaînement de courts chapitres, l’écriture fluide, les nombreux dialogues et rebondissements tiennent en haleine le lecteur jusqu’à la dernière page. Dommage que la région ne soit pas un peu dépeinte, afin de bien camper le décor d’une enquête qui se déroule à cent à l’heure dans un environnement pas forcément plus rassurant que celui de la ville où la violence est plus habituelle pour les protagonistes. Peut-être une relecture pour ceux qui avaient eu l’occasion de le lire dans la précédente édition en 2014 et une belle découverte pour ce roman réécrit à l’occasion de sa nouvelle édition.
Hélène Monin

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