La vie ô combien ordinaire d’Hannah Green

Smith, Michael Marshall ; traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Laurence Boischot
Fantastique
Paris : Bragelonne, 2021, 400 pages, 20 € (Collection L’autre)

🙂 🙂 🙂 Fantaisie en Hannah majeur

C’est tout en musicalité que nous emmène l’auteur dans cette jolie symphonie ponctuée d’arpèges grinçants et fantaisistes.
Hannah, du haut de ses 11 ans, trouve sa vie très ordinaire, voire prosaïque, comme elle aime si souvent à le répéter au début de l’histoire.
Avant que ses parents ne se séparent, elle était heureuse mais depuis, plus rien n’est pareil. Sa mère est partie à Londres pour son boulot, et son père s’enfonce dans une certaine nostalgie. Alors, elle, Hannah, s’ennuie… Jusqu’au jour où son père la confie à son grand-père. Elle va alors faire la connaissance du diable, d’un gnome à tête de champignon, d’une machine quelque peu originale et va être emportée, malgré elle, dans une aventure hors du commun.

Enchevêtrement de personnages

Le début de l’histoire m’a donné quelque peu de fil à retordre tant il y avait une succession incessante de personnages aux destinées tragico-rocambolesques et dont on entendait plus parler par la suite. Au moment où je me demandais s’il y avait une logique et surtout où l’auteur voulait emmener le lecteur exactement, l’histoire se voulut plus claire, ce qui ne fut pas pour déplaire à mon esprit quelque peu cartésien.
Je compris donc que l’auteur avait campé le décor et ce sentiment qui me devenait désagréable de ne pas percevoir de fil conducteur, s’évanouit pour me plonger avec Hannah dans l’aventure extraordinaire qu’elle s’apprêtait à vivre avec ses comparses tous aussi loufoques les uns que les autres.

Un auteur joueur

L’auteur converse régulièrement avec son lecteur et pendant que des personnages vivent une aventure, d’autres, dans le même temps, en vivent d’autres sans pour autant qu’il y ait de lien apparent. L’on continue donc à passer son temps à évoluer avec tout ce petit monde en se demandant toujours, où tout cela va nous mener.
Il nous fait voyager avec ses personnages dans des lieux réel ou fictifs extrêmement bien décrits. Où que l’on soit dirigé, on s’y retrouve emporté avec eux.

Personnages attachants…ou pas…

Entre réalité et fiction, entre bien et mal, voyagent des personnages aussi loufoques qu’attachants. Enfin…pas tous…Mais…quand-même…
Que ce soit le diable obnubilé par la recherche de cette machine infernale défectueuse qui amenuise ses pouvoirs ou encore Palafre, son fidèle gnome à tête de champignon aussi fidèle qu’un chien ou Tante Zo qui, visiblement porte bien son nom et les parents d’Hannah tout autant perdus l’un que l’autre depuis leur séparation. Quoiqu’il en soit, tout ce petit monde mène une bataille solidaire pour atteindre l’objectif qui lui est propre.
Et Hannah dans tout ça ?
Introspection
Au travers d’un conte fantasque, humoristique et tout en émotions diverses, sont explorés les ressentis d’une petite fille de 11 ans. Cette aventure la mène dans un voyage intérieur qui l’aidera à surmonter ses peurs, ses doutes, ses regrets d’une vie passée pour entrer tout doucement dans un monde d’adulte et accepter d’y évoluer librement.
Tandis qu’elle observait d’un œil morne les montagnes qui se dressaient devant eux comme autant de poings menaçants levés vers le ciel avant de chuter dans l’océan, à croire que quelqu’un avait taillé la côte à grands coups de hache rouillée, elle se rendit compte que ce n’était pas le paysage qui avait changé, mais plutôt son regard qui s’était élargi, affiné, comme si elle percevait enfin quelque chose qui était là depuis le début. (P.216)
Même si le début de cette lecture me rendit quelque peu perplexe, je dois avouer que je fus sans m’en rendre compte, tout à coup emportée au même titre que les personnages dans cette histoire aux allures de conte pour adultes ou grands ados avec ses expressions cocasses, son côté magique et son écriture ensorcelante.
Bref, une plongée dans un monde imaginaire tout en légèreté mais….attention à vos faits et gestes car…le diable n’est jamais loin et il a toujours un mauvais tour dans son sac !
Hélène Monin

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fill out this field
Fill out this field
Veuillez saisir une adresse de messagerie valide.
You need to agree with the terms to proceed