Le dixième vaisseau

Bordage, Pierre
Science-fiction
Paris : Scrinéo, 2022, 430 pages, 21 €

🙂 Retour de Pierre Bordage

Livio Squirell, capitaine de vaisseau intrépide, purge une peine de réclusion à perpétuité pour des meurtres qu’il a toujours niés. Jusqu’au jour où le gouvernement lui propose, en échange de sa liberté, de prendre part à une expédition vers la galaxie du Triangle où des signes d’une activité intelligente ont été détectés. Mais le voyage s’annonce périlleux : les neuf vaisseaux ayant précédemment tenté l’aventure ont mystérieusement disparu… Pourquoi le capitaine prévoit-il alors de prendre tous les risques, en effectuant des bonds spatiotemporels jamais tentés ?
De son côté, Flogg, une mécanospace aguerrie, décide de prendre part à l’expédition aux côtés de Tarr, un Gromb avec qui elle a sympathisé. Mais à bord de l’Esmerillo, parmi cet équipage d’une quarantaine d’humains et de non-humains, l’ambiance se dégrade vite. Entre insubordination, sabotages, et tentatives de meurtre, arriveront-ils à destination ? Et que se passe-t-il vraiment dans la galaxie du Triangle ? (présentation de l’éditeur)

Deuxième livraison SF chez ScriNeo

Après Les Oubliés de l’amas de Floriane Soulas, la jeune collection SF des éditions ScriNeo nous propose son second roman. La jeune autrice laisse ici place à un vieux routard de la science-fiction française : Pierre Bordage. Avec près de cinquante romans à son actif en trente ans de carrière, l’auteur s’est forgé une solide réputation récompensée d’ailleurs par de nombreux prix. Écrivain prolifique, il s’inscrit dans un tradition populaire de la science-fiction et privilégie, aux rigoureuses réflexions scientifiques propres à la hard SF, des intrigues riches en rebondissements et une narration efficace. En somme, ce que l’on retrouvait déjà chez Floriane Soulas et qui semble dès lors tracer les grandes lignes éditoriales de cette collection résolument tournée vers le grand public.

Space opera

Passionné par le space opera, Pierre Bordage puise une partie de son inspiration chez les auteurs majeurs du genre et ses œuvres emblématiques, au premier rang desquelles il faut certainement citer la saga Star Wars. Il y a effectivement de cela dans Le dixième vaisseau et notamment dans le décorum et dans la volonté de provoquer le dépaysement chez lecteur à travers la mise en scène de multiples espèces extraterrestres et de voyages interstellaires. Le récit, de facture assez classique, est aussi l’occasion pour l’auteur de mettre en avant ses thématiques favorites comme la critique de l’impérialisme et la défense d’une tolérance qui dépasse, science-fiction oblige, les frontières entre les espèces.

Quelques faiblesses

Si les amateurs d’aventures spatiales seront certainement ravis, le roman n’est tout de même pas dénué de défauts et aurait certainement mérité une plus grande attention dans le rythme global. En effet, le récit n’échappe pas aux clichés du genre et souffre de quelques longueurs en milieu d’intrigue tout en expédiant sa fin, qui aurait pu, elle, être plus développée. De plus, et même si cela reste un détail à l’échelle du roman, on pourra s’étonner que l’auteur transforme l’un des suprémacistes humains de son histoire en figure héroïque et martyre au cœur de la résolution de l’intrigue. Un petit bémol qui ne remet évidemment pas en cause le message global mais peut tout de même surprendre le lecteur plus attentif.

Grand public

En reste un roman tout à fait fréquentable qui n’évite pas toujours les stéréotypes du genre mais qui saura ravir les amateurs de littérature d’évasion et les lecteurs occasionnels de science-fiction. Le prochain titre de la collection sera signé Estelle Faye. Autant dire que nous souhaitons longue vie à ScriNeo SF !
Nicolas Stetenfeld

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