Le vestibule des lâches

Kahn, Manfred
Policier & Thriller
Paris : Rivages, 2022, 295 pages, 20 € (Rivages/noir)

🙂 Règlement de comptes en montagne

Victor vit depuis deux ans reclus dans la Vallée, une zone alpine proche de l’Italie. Brisé par un passé douloureux, il vit seul avec un chien. Au retour d’un court séjour professionnel en ville, il retrouve son chien égorgé dans la cuisine, baignant dans son sang. Un acte d’une cruauté inouïe, qui ne pouvait être perpétré que par un seul homme : Charles.
Grande gueule et autoritaire, Charles a de l’influence sur les gens de la vallée. Et sur sa femme Josépha, qu’il tient sous sa coupe, et qui est tombée amoureuse de Victor. Ces deux êtres ont souffert, et ne pouvaient que se rapprocher, créant une intimité bien à eux.
En s’opposant à Charles, Victor s’en est fait un ennemi redoutable.
Victor ne peut rester sans rien faire, ou fuir la vallée. Il veut aller trouver Charles dans la montagne pour venger son compagnon. Selon Josépha, s’il y va seul, il n’en reviendra pas. S’il revient, il sera comme eux. C’est pourquoi elle ira avec lui.

Un premier roman noir

« La voisine de Victor disait que les loups étaient revenus dans la Vallée lorsque la violence de la vie moderne était entrée dans le cœur des gens. »
« Tout ce qui était au-dessus de la vallée avait ses propres règles. Celles que voulait imposer Charles au village n’auraient plus cours là-haut. »
Manfred Kahn, pour son premier roman, sait y faire niveau style. Il installe à peu de frais l’ambiance particulière d’un village isolé aux habitants taiseux, où les agissements des chasseurs rythment les saisons, où les loups font parfois leur apparition, aussi. Les loups qui tiennent une place particulière dans le passé de Victor.
A la lecture du « Vestibule des lâches », on pense au nature writing, un genre littéraire où les grands espaces tiennent une place prépondérante dans l’intrigue. Ils influencent le cœur des hommes et leurs actes.
Une intrigue parsemée de flash-backs
L’auteur entame rapidement une série de flash-backs, revenant sur certains épisodes de la vie de Victor. Episodes incomplets, qui nous brossent peu à peu son portrait. La fréquence des flash-backs et leur désordre apparent déstabilisent.
Tous contiennent leur lot de violences extrêmes. L’intrigue y perd selon nous de son intensité. A force de souligner à quel point Victor a été atteint par le sort, et Josépha dans une moindre mesure, Manfred Kahn a émoussé notre intérêt. On aurait aimé rester dans une certaine linéarité, n’excluant pas les nécessaires retours vers le passé, pour une meilleure compréhension de la psychologie de Victor.
La confrontation entre le mâle alpha et l’individu qui refuse d’intégrer la meute fait de ce premier roman un bon roman noir, qui paraîtra particulièrement réussi pour bien des lecteurs. Ici on n’a cependant pas adhéré à la construction du récit.
Barbara Mazuin

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