Les doigts rouges

Higashino, Keigo , traduit du japonais par Sophie Refle
Policier & Thriller
Actes Sud, 2018, 240 pages, 21.80 €

🙂 🙂 Un roman noir, doublé d’une critique sociale

Akio est un employé de bureau ordinaire, mal marié à une femme aigrie, et dont le fils adolescent, Naomi, lui est parfaitement étranger. Contre le gré de son épouse Yaeko, il héberge sa mère, dont l’état de sénilité nécessite une prise en charge. C’est sa sœur, Harumi, qui vient s’en occuper.

Ce soir-là, comme d’habitude après sa journée de travail, Akio n’a pas envie de rentrer chez lui. Il le faudra, pourtant : sa femme l’a appelé, pressante, tendue. Il faut qu’il rentre immédiatement. Sur le chemin du retour, Akio apprend qu’une fillette de 7 ans a disparu.

Arrivé chez lui, Akio découvre une gamine étendue dans son jardin, étranglée… C’est Naomi qui en est responsable. L’adolescent, couvé par sa mère et laissé libre de toute éducation, montrait depuis quelques temps une attirance pour les petites filles. Le jeune meurtrier ne veut rien savoir de ce cadavre, tandis que Yaeko menace de se suicider si son fils est dénoncé à la police.

Acculé, Akio déplace le corps de la fillette, qui est retrouvé le lendemain dans un parc.

Matsumiya est un policier peu expérimenté. Pour l’enquête il sera l’adjoint de son cousin Kaga. Le père de Kaga a été quant à lui un policier émérite. Hospitalisé pour un cancer en phase terminale, il ne reçoit guère que la visite de son neveu Matsumiya…

Il est beaucoup questions de liens familiaux, dans ce nouveau polar de Keigo Higashino. La famille et ses tensions, liées à la prise en charge ou non de parents malades… Faire entrer un parent en maison de repos est indigne et lâche au Japon. C’est assimilé, plus encore que chez nous, à un traumatisme, pour le parent concerné, mais aussi les enfants.

L’auteur du « Dévouement du suspect X » explore les relations familiales sur fond de meurtre tragique. Akio est un homme faible, qui laisse sa femme tout gouverner, l’« éducation » de leur fils comme les rapports entre Akio et sa propre famille. C’est pourtant lui qui devra mener à bien la disculpation de son fils : du déplacement du cadavre aux confrontations avec les deux cousins policiers.

L’auteur japonais s’intéresse peu à la personnalité de l’adolescent, dont on sait seulement qu’il est couvé par sa mère, et se réfugie dans sa chambre pour jouer à des jeux vidéos violents. Le jeune Matsumiya observe quant à lui la froideur de son cousin, tant envers son propre père qu’envers la famille d’Akio.   Un roman sombre, bien ficelé et prenant, comme sait le faire Keigo Higashino.

Barbara Mazuin

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fill out this field
Fill out this field
Veuillez saisir une adresse de messagerie valide.
You need to agree with the terms to proceed