Les futurs de Liu Cixin : Volume 3 : Les trois lois du monde

Zhang Xiaoyu (scénario et dessin) ; d’après la nouvelle de Liu Cixin ; couleur Pan Zhiming; traducteur Nicolas Giovanetti
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2022, 101 pages, 19.99 €

🙂 🙂 D’une galaxie très lointaine à une réalité très proche

Depuis des millions d’années, une guerre s’étend dans les multiples confins de l’univers. Elle oppose les belliqueux et dévastateurs envahisseurs de l’Empire du Silicium à la Fédération Galactique des Civilisations. Ce conflit gargantuesque a coûté la vie à des milliards d’individus, a vu des planètes disparaître sous les déflagrations d’armes dévastatrices et a propagé la souffrance, la mort et la peur. Dans une partie reculée de la galaxie, une destruction calculée d’étoiles permettra à la Fédération Galactique de mettre un terme définitif à ce conflit interminable… Sur une planète bleue située dans une partie reculée de la galaxie, le jeune maître Li s’évertue à éduquer des enfants dans un établissement mité situé dans une région particulièrement pauvre de Chine. Le destin de ces enfants rencontrera bientôt ces civilisations guerrières et son impact sera considérable…

L’illustration d’un esprit fécond

En cette année de grâce 2022, les Editions Delcourt débutent une série de bandes dessinées basées sur quinze nouvelles issues de l’imagination féconde de Liu Cixin, l’un des écrivains chinois de science-fiction les plus importants de notre époque. Auteur de nombreux écrits, il demeure principalement connu dans nos contrées grâce à la traduction de son premier roman, Le problème à trois corps, récompensé d’un Prix Hugo et d’un Galaxy Award. Afin d’illustrer les différentes facettes de ses univers, les éditeurs de cette série ont appelé plusieurs artistes possédant certaines expériences et renommés dans ce vaste monde du neuvième art. Pour ce troisième opus, qui succède de près aux sorties de La Terre vagabonde(que nous avons chroniqué ici en son temps)  et Pour que respire le désert, les Chinois Xiaoyu Zhang (scénariste, illustrateur) et Pan Zhiming (coloriste) se partagent les crédits.

Une fiction très réaliste

Dans ce nouvel opus, l’histoire expose une situation qui, bien que profondément ancrée dans la science-fiction, apparait cependant avec un certain réalisme. L’idée que des civilisations extraterrestres puissent apporter un conflit et entrer en contact avec notre planète ne s’avère pas particulièrement irréaliste. De plus, le lecteur peut rapprocher les terribles desseins de l’Empire du Silicium avec quelques comportements de nos dirigeants avides de pouvoir, et parfois de destruction, et capables d’annihiler aisément des sociétés. Du point de vue des personnages, ceux-ci manifestent des choix des plus complexes, ce qui les rend plus attachants : le maître Li consacre toute son énergie et ses économies dans l’éducation d’enfants pauvres pour améliorer leur avenir ; la Fédération Galactique des Civilisations décide de détruire des étoiles, et donc des civilisations, afin de sauver des milliards d’autres individus. D’un point de vue graphique, les magnifiques dessins parviennent à démontrer toute la dévastation provoquée par d’immenses conflits spatiaux, immergeant parfaitement le lecteur dans cet univers apocalyptique.
Cependant, quelques critiques surviennent lors de la lecture de cet ouvrage. Tout d’abord, il s’avère complexe de lier les deux scénarios qui évoluent indépendamment l’un de l’autre, jusqu’au dénouement final. Un sentiment de perplexité s’installe peu à peu, effacé par une conclusion moralisante des plus intéressantes. De plus, quelques questions, bien qu’anecdotiques, restent en suspens. Par exemple, l’auteur n’explique jamais pourquoi ce conflit galactique a débuté.

La voie vers des avenirs potentiels de notre civilisation

Ce troisième volume de cette série de quinze albums démontre tout le talent imaginatif de Liu Cixin et les morales qui ressortent de ses récits, qui pourraient prévoir les potentiels avenirs de notre Terre. Malgré quelques critiques, l’ensemble démontre une belle réussite, tant sur les graphismes que sur l’histoire, et prévoit quelques adaptations intéressantes à venir dans les prochains numéros.
Florian Masut

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