Tout autre nom

Johnson, Craig; traduit de l’anglais (E-U) par Sophie Aslanides
Policier & Thriller
Gallmeister, 2018, 352 pages, 21.50 €

🙂 🙂 Filles disparues

Encore une fois, c’est en-dehors de sa juridiction – le comté d’Absaroka- que le sheriff Walt Longmire nous emmène. Oh, ce n’est pas très loin de chez lui et c’est toujours dans cette farouche contrée du Wyoming que nous nous retrouvons, mais dans le comté de Campbell, et plus précisément dans la ville de Gillette. Un confrère de Walt s’y est suicidé -de deux balles- et la veuve de ce dernier a prié Lucian Connally, prédécesseur de Walt et ami de longue date, de passer quelques jours afin d’enquêter sur cette mort aussi inopinée que mystérieuse. En fouillant un peu dans les dossiers du défunt, les deux enquêteurs découvrent que ce dernier, alors qu’il enquêtait sur la disparition d’une jeune femme, avait mis au jour d’autres affaires de disparitions similaires et qu’il n’en avait pas informé son supérieur. Plusieurs jeunes femmes disparues en quelques mois dans un rayon de quelques kilomètres, des enquêtes bâclées, volontairement ou non, des pièces manquantes dans certains dossiers : voilà plus qu’il n’en faut pour scotcher Longmire à cette enquête. Et ce ne sont pas les coups de fils réguliers de sa fille sur le point d’accoucher qui vont le détourner de ce qu’il estime être son devoir.

 

Même s’il n’enquête pas sur son territoire, Walt Longmire s’entoure des siens : ses amis Lucian et Henry, alias « La nation Cheyenne », son adjointe et amante Vic, son chien et, à quelques centaines de kilomètres mais bien présente, sa fille qui le menace des pires malédictions s’il venait par malheur à manquer la naissance de son premier petit-fils. Et même s’il n’est pas chez lui, c’est toujours en parlant avec les habitants, les commerçants et les quelques édiles locaux qu’il procède. La ville de Gillette n’est pas énorme, ce qui facilite les choses et permet à l’auteur de nous servir sur un plateau une galerie de personnages tous plus crédibles et identifiables les uns que les autres. En bon observateur, Craig Johnson évite les clichés et nuance son propos, si certains de ses personnages ne méritent pas la dépense de la balle qui servira à les empêcher de nuire, la grande majorité d’entre eux se voit dotée d’une histoire, de circonstances et d’un cadre qui expliquent bien des choses. Expliquent et non pas excusent. On y croit, et comme l’intrigue ne souffre aucun temps mort, les pages défilent, on ne lâche pas le bouquin, on suit tantôt un Longmire blessé et délirant, en pleines visions chamaniques ou un Longmire démêlant habillement un écheveau de déductions qui ne peuvent mener qu’à une seule solution.

Une dixième intrigue dans laquelle on retrouve avec plaisir une galerie de personnages attachants, confrontés à une enquête complexe et parfaitement originale par rapport aux précédentes. Du polar rural américain nullement passéiste, au plus près de l’humain. On aime !

Nicolas Fanuel

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