Vik : une enquête à Siglufjördur

Jonasson, Ragnar; traduit de l’islandais
Policier & Thriller
Paris : La Martinière, 2019, 304 pages, 21 €

🙂 🙂 « On est si bien Sur la baie (bis) » (Clara Luciani)

Asta revient sur la baie (vik, en Islandais) de son enfance, non loin de Skagaströnd. Officiellement pour y finir une thèse sur son père, qui était le gardien du phare. En réalité elle n’a pas fait d’études, est sans emploi et a des soucis d’argent. Elle vit dans un misérable sous-sol à Reykjavik.
Dans l’ancienne maison familiale, elle retrouve Oskar et Thora, un frère et sa sœur âgés qui travaillent pour Reynir, le riche propriétaire des lieux. Asta revoit également Arnor, un voisin de son âge, maintenant marié.
Tous ne voient pas la venue d’Asta d’un bon œil. Ils ont toujours vécu sur ce bout de terre isolé, et étaient présents lors de tragiques évènements qui ont touché la famille du gardien de phare : sa femme, dépressive, s’est jetée de la falaisequand Asta était petite. Sa sœur Tinna a connu le même sort, à l’âge de 5 ans. Asta aurait assisté à la scène de sa chambre. Eloignée des lieux par son père, Asta revient pour la première fois depuis 26 ans. Quant au gardien de phare, il est décédé dans un établissement psychiatrique.
Le lendemain de son arrivée, le corps d’Asta est retrouvé au pied de la même falaise. Un suicide? La jeune  , à la beauté troublante, devait être déboussolée par de telles tragédies familiales. Des marques suspectes orientent la police locale vers une autre hypothèse.Tomas, ancien inspecteur au commissariat de Siglufjördur, fait appel à Ari Thor pour mener ensemble cette troublante affaire. Ari Thor arrive sur les lieux avec sa compagne enceinte.

Huis-clos troublant en Islande

Ragnar Jonasson, traducteur de certains Agatha Christie en islandais, crée avec « Vik » un huis-clos efficace. La situation enclavée des lieux y est propice. Une terre isolée, un village de pêcheurs décimé par la Dépression et de difficiles conditions de vie, la mer… Les amateurs de polars nordiques peuvent se régaler à la lecture d’un Ragnar Jonasson. D’autre part, les protagonistes présents l’étaient lors de chaque mort violente, ce qui rend le quatuor intéressant. Oskar, le vieil homme qui entretenait une relation privilégiée avec Asta, sa sœur Thora, aigrie par la vie et rongée par un cancer, mais au regard et à la langue acérés… Reynir, l’héritier qui partageait avec Asta le projet de partir en mer, et Arnor, qui entretient avec sa femme une relation plutôt distante. Les liens que tous entretiennent entre eux sont exacerbés par l’isolement et un côtoiement quasi quotidien forcé.

Polar nordique de bonne facture

L’esprit d’Agatha Christie plane sur cette intrigue, avec ses convives inquiets et taiseux, condamnés à rester dans un lieu clos ou isolé le temps de l’enquête. Un roman à énigme, qui alterne point de vue des suspects et celui des enquêteurs. Amateurs de sensations fortes, passez donc votre chemin.
Barbara Mazuin

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