Vu des pop cultures : essais, discours et textes choisis

Gaiman, Neil ; traduit de l’anglais par Patrick Marcel
Document
Vauvert : Au diable Vauvert 2022, 645 pages, 23 €

🙂 🙂 Allons-y, Gaiman!

Un chic type

Tout amateur de fantasy, de science-fiction ou de fantastique a, un jour où l’autre, croisé la route de Neil Gaiman.
Prolifique auteur anglais né en 1960, il s’est illustré autant dans le livre pour enfant et adultes mais aussi, plus récemment, au cinéma et à la télévision. « Coraline », c’est lui, « American Gods », c’est lui aussi et la récente adaptation pour Netflix de la série de romans graphiques « The Sandman », c’est encore et toujours lui ! Un homme sur tous les fronts, donc, qu’il est précieux de mieux connaître pour encore mieux l’apprécier.
C’est ce que propose « Vu des pop-cultures », un recueil de textes, d’essais, d’interviews publiés au cours des années dans des magazines ou prononcées à des chaires d’universités et qui témoignent de la profonde lucidité de l’auteur sur l’époque actuelle, sur les rouages de la création littéraire, sur l’importance capitale de la fiction pour le développement de tout individu. Mâtinée de nombreuses digressions autobiographiques et de souvenirs empreints d’empathie, cette exploration parfois critique, parfois exaltée mais toujours enthousiaste et intéressante de ce que les pop cultures peuvent nous offrir nous balade de la littérature au cinéma en passant par l’art pictural, la bande dessinée, la chanson ou la sculpture.

WTF ?

Les pop-cultures permettent aux individus de s’identifier massivement à une communauté, de s’exprimer collectivement et de transmettre des valeurs. Elles englobent tout un ensemble d’idées, d’opinions, de pratiques, d’objets, d’activités, devenus populaires auprès du public au fil des années. Elles s’inscrivent durablement dans les mœurs en influençant les modes de vie, les comportements, les croyances et les styles vestimentaires entre autres. De nombreux courants sont nés des Pop Cultures, et dans de nombreux domaines : l’histoire de la musique pop est riche d’influences tout comme le pop art, cinéma et séries, littérature, politique, médias, mode, alimentation, etc. La culture populaire s’adapte à son temps et s’oppose à la culture élitiste, réservée à certains “privilégiés” (www.cineheroes.net)
En grand connaisseur de certains auteurs qu’il juge incontournables (mais dont le nom de certains me sont restés jusqu’ici obscurs), Gaiman met en exergue toutes les particularités, les identités et les qualités inhérentes à chacun, en positionnant toujours ses arguments en regard du contexte, de l’époque et de ce que leurs créations ont apporté au mouvement que le livre aborde.

La bibliothèque érigée en sanctuaire

Parmi les textes contenus dans cet ouvrage aussi érudit qu’accessible au plus grand nombre, figure une ardente défense de la bibliothèque publique. Le petit Neil avoue les avoir beaucoup fréquentées et d’y avoir lu presque tout ce qui lui tombait entre les mains (parfois par la bonne grâce d’un bibliothécaire attentif). Plus que nulle part ailleurs, c’est entre les murs des bibliothèques publiques que l’on peut découvrir la culture, les cultures et les variations d’expressions de la fiction. Toutes ces nourritures spirituelles ont ouvert l’esprit du futur écrivain et lui ont permis de se façonner un univers multi-dimensionnel, où la poésie se dispute à l’étrange et le merveilleux au macabre. Gaiman n’a pas son pareil pour s’approprier les mythes anciens et les transposer à l’époque moderne, il adore aussi jouer avec les peurs ancestrales (« Les loups dans les murs ») ou les angoisses existentielles (l’abandon, la mort, …).
« Vu des pop-cultures » se picore allégrement, au hasard des titres des articles – toujours très travaillés – ou au départ d’un index qui rend furieusement compte de l’étendue des connaissances de l’auteur. On passe de Lovecraft à Stephen King, en passant par Pratchett, Lou Reed ou Tori Amos, on accompagne Batman ou Frankenstein dans leurs parcours torturés, le tout fonctionne comme un miroir qui nous renvoie à nos propres réalités. Edifiant à plus d’un titre.
Éric Albert

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