10 000 jours pour l’éternité

Riou, Jean-Michel
Science-fiction
Plon, 2018, 478 pages, 21.9 €

🙂 Le roman caché de Jules Verne

La communauté scientifique internationale est unanime : l’Humanité disparaîtra dans 31 ans ! Une comète géante appelée Wildcat fonce en effet sur la Terre. Les hommes vont devoir s’allier et trouver une solution … en toute confidentialité. Il ne s’agirait pas de provoquer une panique mondiale !

Mais le secret est éventé : Pierre Lefranc, journaliste, apprend l’effroyable perspective et, la vérité d’abord, il publie la nouvelle. La résistance s’organise sous le nom d’Entreprise Pacifique, dirigée par Edward Pearson. Plusieurs solutions sont dégagées : creuser des tunnels souterrains pour éviter le choc, créer des canons dont la détonation serait si puissante qu’elle désaxerait la terre, la déviant de la trajectoire fatale…La recherche intensive fait avancer à grands pas les technologies, faisant naître un nouveau monde : travail, finances, propriétés, lutte des classes,…Ah ! On en aurait presque la larme à l’œil tellement ce nouveau monde est beau, meilleur que le précédent. Imaginez toutes les merveilleuses inventions qui en ressortent : recyclage de l’eau et des déchets, transport express car cham électromagnétique, transport de la voix et de l’image à distance…

Mais Lefranc soupçonne des motivations moins philanthropiques de la part de Pearson : n’abriter que ceux qui ont les moyens de payer… Allié à George Earle Buckle, rédacteur en chef d’un important quotidien londonien, et à Elisabeth Storm, une jeune scientifique, Lefranc va affronter Pearson en un combat manichéen.

La couverture, le titre, les technologies…Riou rend un hommage appuyé à Jules Verne, et pour cause ! « 10 000 jours pour l’humanité » serait un livre caché de l’écrivain français. Mais son intrigue est aussi, et surtout, incroyablement contemporaine. Face aux changements climatiques et aux menaces qui pèsent sur la Terre, que pouvons-nous faire ? Quel côté choisir, le Bien, ou le Mal ? Lefranc, qui porte bien son nom, est une sorte de Sherlock Holmes aux prises avec un Moriarty redoutable. Outre le respect de l’esprit de Verne, Riou a le mérite de nous encourager à choisir les bonnes solutions, et son livre possède d’indéniables qualités. Notons un écart notoire par rapport aux intrigues de Verne, homme du 19me siècle : le rôle et la personnalité notoires d’une femme, Elisabeth Storm. Diplômée et volontaire, elle contribue à sauver l’humanité. Un crime de lèse-majesté appréciable en 2018. Dommage que Riou s’en serve pour créer une bluette inutile et maladroite.

Barbara Mazuin

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