Ceux d’à côté

Köpinge, quartier résidentiel situé en Scanie. Quatre maisons se partagent une cour commune. Micke et BiancaAndersson emménagent avec leurs deux enfants en bas âge, William et Bella. Ils ont quitté Stockholm pour offrir à leurs enfants un environnement plus sécurisant. Du moins c’est ce qu’ils disent. Mais un déménagement n’est-il pas souvent une fuite ?

Si le jeune couple pense que moins on voit les voisins mieux c’est, ils en prennent pour leur grade à Köpinge. Ici tout le monde se connaît, et les voisins peuvent débarquer par le portail comme pour rien (et souvent pour pas grand-chose).

Il y a Åke et Gun-Britt, un couple de retraités curieux et qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Jacqueline, ex-mannequin, toujours superbe, et maman dépassée d’un adolescent solitaire, Fabian. Et puis il y a Ola, un homme plutôt secret et parfois inquiétant.

Tout ce petit monde se côtoie par la force des choses. Secrets et mensonges régissent leurs rapports, créant un malaise au sein même du couple Andersson. Jusqu’au drame.

Polar suédois admirablement construit

Après « Une famille presque normale » (2019), M.T. Edvardsson scrute à nouveau une famille en apparence sans histoire, ici vue via le prisme du voisinage. Comme pour son premier roman, il fait alterner trois points de vue décisifs. Répartis sur deux temporalités, « avant l’accident » et « après l’accident », les récits à la première personne constituent le point fort de ce polar suédois.

C’est parfaitement maîtrisé, addictif. La thématique des voisins inquiétants, battue et rebattue par ailleurs, est ici renouvelée grâce à une construction narrative intelligente et sans faille. Et si la fin comporte un brin de prévisibilité, l’intérêt de l’intrigue aura été constant et méritait bien le temps passé à lire.

« Une famille presque normale » a été le lauréat du Prix Nouvelles Voix du Polar 2021. Gageons que son successeur connaîtra une voie tout aussi intéressante.

Barbara Mazuin