Cook, Diane ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Chabin
Science-fiction
Monfort-en-Chalosse : Gaïa, 2021, 336 pages, 23 €
🙂 🙂 Mère et fille dans un monde postapocalyptique
Loin des villes polluées où sa fille Agnès dépérissait à cause de graves troubles pulmonaires, Béa et une vingtaine de volontaires expérimentent la vie sauvage. On est loin du caprice touristique, comme ces milliardaires qui s’autorisent des virées dans l’espace. La nature, cet espace inhabité et interdit aux humains, est en réalité le lieu d’une expérience scientifique. Il s’agit de voir quel degré d’autonomie pourrait avoir l’Homme dans cet environnement a priori hostile. Béa fait partie des sceptiques quant aux enjeux de cette mission.
Chasse, pêche, fabrication de vêtements et vie nomade sont au programme. La petite communauté est étroitement surveillée par les rangers. Agnès revit, pour le plus grand soulagement de Béa, qui a tout sacrifié pour elle. Les enjeux de leur mission importent peu, la rendant même sceptique. Le soulagement fait place à l’inquiétude, tandis qu’Agnès s’émancipe.
Roman d’anticipation sur la perte de son enfant
« Dans l’Etat sauvage » est finaliste du booker Prize 2020, catégorie Premier roman. Diane Cook avait auparavant livré un recueil de nouvelles, intitulé « Man V. Nature » (2014). Le format du roman lui permet d’approfondir la notion d’individualisme et son pouvoir destructeur, sur la communauté notamment. Avec en toile de fond, la crise climatique, et la transition qu’elle nécessite.
Cette transition se traduit dans le roman par un changement narratif : nous accompagnons dans un premier temps Béa, issue de la Ville et de l’ancien monde, pour qu’ensuite Agnès et le renouveau prennent le relais. Mère et fille s’éloignent dans un tissu d’incompréhension, chacune appartenant désormais à deux mondes distincts.
Diane Cook nous emmène dans un cadre éblouissant, théâtre de ce drame intimiste. Un roman palpitant, bouleversant, qui ne souffre d’aucun temps mort.
