Dog Island : Mémoires de l’île aux morts

Moatti, Michel
Policier & Thriller
Paris : Hervé Chopin Editions, 2021, 477 pages, 19 €

🙂 🙂 🙂 Une île sanctuaire au large de New York

Dog Island est un bout de caillou – l’équivalent de trois stades de foot – au large de Manhattan. A dix-huit kilomètres de Central Park, cette île était autrefois un camp de prisonniers à ciel ouvert. Elle a abrité des missiles antiaériens durant la Guerre froide. Elle abrite aussi de nombreuses tombes : soldats confédérés gardés prisonniers, taulards de la caserne disciplinaire gérée par la Navy, indigents, SDF, junkies, membres de gangs, … Les plus récents sont morts du Covid-19.
Douze personnes vivent en permanence sur Dog Island, par ailleurs fermée aux touristes en mal de sensations fortes. Prison désaffectée, fosses et silos à missiles ne sont guère des lieux de visite. L’Air Force gardant la main sur l’Ile aux morts, deux militaires y sont basés avec femme et enfants. Le sergent-major Warren et son adjoint Merryl sont ce qui se rapproche le plus des autorités officielles.
Aussi, quand on retrouve le corps de Tania Greene pendant au bout d’une corde, ce sont eux qui sont dépêchés sur les lieux, et contactent « la Terre » pour signaler une mort suspecte.
Lorsqu’un deuxième décès survient quelques jours après, deux flics du NYPD débarquent pour enquêter sur ces deux morts pas suspectes a priori, mais le timing intrigue les autres îliens.

Huis-clos parfaitement maîtrisé

Dog Island existe. La base de missiles antiaérien aussi. Fosses communes et inhumations ont en effet eu lieu depuis plus d’un siècle. Michel Moatti, journaliste, professeur universitaire et romancier, y a vu un terreau formidable pour son dernier roman. L’île, mais aussi l’œuvre de Agatha Christie : « Dix petits nègres » (oui, oui, le titre original, et non la version édulcorée récemment imposée) est cité de nombreuses fois, notamment.
Moatti a su exploiter à merveille ces différents contextes et éléments, y ajoutant légendes locales et personnages bien campés psychologiquement. Qu’ils vivent sur l’île depuis quelques mois, quelques années ou depuis toujours, aucun ne reste indifférent à cette atmosphère funèbre. Leur isolement forcé donne un huis clos parfaitement maîtrisé, efficace.
Le dénouement fait son effet, entre passé tourmenté, suspense et dosages parfaitement maîtrisés de touches (pseudo ?) fantastiques. Les dialogues sont taillés pour ce cadre inédit, sans surplus ni ennui.
Un vrai thriller passionnant, qui vous immerge d’emblée.
Barbara Mazuin

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