La belle histoire d’une jeune femme qui avait un canon de fusil dans la bouche

Faïck, Denis
Policier & Thriller
Fleuve éditions, 2018, 304 pages, 18.9 €

La lunette du fusil sur celle des toilettes - critique complète

Comme le titre l’indique très justement, une jeune femme, 30 ans, se tient sur le siège des toilettes de la gare du Nord, un canon de fusil dans la bouche. Josiane s’apprête à commettre l’irréparable. Pourquoi ?  Durant toute notre lecture, elle va nous balader à travers ses souvenirs, interrompue seulement par ses voisins de cabinet et les bruits alentours. Très vite,  son enfance dévoile une présence insignifiante auprès d’une mère adorée mais qui la rejette. Cette belle femme rêvait de faire du cinéma, mais son mariage et la naissance de son unique enfant a sans doute ruiné ses plans. C’est du moins ce qu’elle pense, et fait bien sentir à tout le monde. Même à l’opticien et à l’épicier qui viennent tour à tour remplacer le géniteur de Josiane, fréquemment absent (et lui-même volage). Et cela au vu et su de l’enfant, dont on achète le silence via des cadeaux.

Ah, et puis surtout, Josiane est grosse, et moche. Enfin c’est ce qu’elle pense. Nous, on ne sait pas trop. Est-ce le regard de sa mère qui détermine tout ? Il y a bien des vexations à l’école, à cause de son physique. Des amitiés rares, et qui se finissent mal en général. Martin, qui est malade, Monsieur Bonnemaison, qui loue l’appartement du sous-sol,…Quelques traits de lumière dans la vie de la petite fille, puis de l’adolescente.

Que retirer de tout cela ? Il est difficile de s’attacher à ce personnage central, par ailleurs narratrice. L’auteur  se fend de quelques clichés, un peu convenus, et certaines décisions déroutent ou déçoivent, faisant figure d’actes manqués. L’alchimie n’a pas vraiment lieu. Restent un style fluide, pas pesant pour un sou malgré le pitch, de beaux personnages secondaires, des situations cocasses… Quant à Josiane, cet acte extrême qu’elle s’apprête à faire apporte un éclairage sur sa vie, une seconde lecture, une compréhension. Quitte à (se) pardonner ?

Barbara Mazuin

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