Les enfants de Pisauride

Andrevon, Jean-Pierre
Fantastique
Saint-Martin-de-Londres : H & O, 2020, 224 pages, 8.90 € (Collection Poche)

🙂 Horreur à huit pattes

Tout amateur de littérature de l’imaginaire a un jour croisé la route de Jean-Pierre Andrevon. Il fait partie, avec Serge Brussolo, d’un des plus prolifiques auteurs français de romans populaires. On compte plus de 170 titres à son actif aussi bien en polar qu’en science-fiction, fantastique ou érotisme. Invité permanent des éditions Fleuve Noir – et notamment de la collection « Anticipation » – l’auteur se démarque souvent par des sujets percutants et n’hésite pas à utiliser les ficelles de violence, d’horreur organique ou de terreur atavique pour enchaîner son lecteur à ses textes. Une littérature « brute de décoffrage », sans réelle originalité mais qui fonctionne admirablement. Idéale pour tuer le temps ou pour se vider la tête, la bibliographie de Jean-Paul Andrevon regorge de pépites pour une consommation immédiate tout à fait satisfaisante.

Grandes angoisses

« Les Enfants de Pisauride » a paru une première fois en 1990. Le texte a été très légèrement remanié pour mieux coller à l’époque actuelle (il y est fait par exemple allusion à la centrale nucléaire de Fukushima, dont l’incident remonte à 2011) mais le thème qu’il exploite fait partie intégrante des grandes angoisses des années 60-80 à savoir la contamination nucléaire.

Descente aux enfers

Le pitch du roman fait penser à une multitude d’autres histoires du même acabit, de « L’Homme qui rétrécit » à « La Mouche » en passant par « Them » : un jeune homme se fait mordre par une bestiole lors d’une escapade campagnarde avec sa petite amie. Il ne fait aucun rapprochement au départ avec la centrale nucléaire qui coupe l’horizon mais c’est pourtant bien de là que se répand le mal. La petite plaie qu’il remarque ne cesse de s’infecter alors que son état général de santé décline de façon alarmante. Bientôt gagné par des malaises et des décrépitudes diverses, le pauvre met quand même un point d’honneur à continuer de travailler ; il accepte de consulter un médecin sur les conseils d’un ami. Autant de rencontres qui vont permettre au fléau qu’il abrite dans son corps de se diffuser allègrement. Rien ne semble soulager la victime. Sa descente aux enfers sera cruelle et douloureuse : son corps se transforme, suinte, éclate et s’hybride, à mesure qu’une entité arachnoïde en prend possession…
On l’aura compris, il s’agit donc bien d’horreur pure. Légitime et assumée. Qui procure un moment de lecture avide et compulsive.
On pardonnera les quelques coquilles du texte, qui confond à plusieurs reprises « collège  » et « collègue » et on remerciera les éditions H&O d’assurer la renaissance et la survivance de l’œuvre de cet auteur (un autre titre, « La cachette » fait déjà partie de leur catalogue).
Eric Albert

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