Les maudits

Richardson, Tarn ; traduit de l’anglais par Charles Bonnot et Sigolène Vivier
Policier & Thriller
Paris : Sonatine, 2023, 493 pages, 21 €

🙂 🙂 Des loups-garous dans les tranchées

Le Pape Léon XIII en aurait lui-même eu la préscience : « Des visions annonçant qu’un jeune garçon arriverait de l’Est. Le prédestiné. Qu’il serait abandonné et arraché à une mort certaine. Qu’il serait incroyablement habile et observateur. Qu’il maîtriserait plusieurs langues. Qu’une chaleur émanerait de lui. Que la mort le suivrait dans son sillage ». Sauvé d’une mort certaine en 1889 par un prêtre, le jeune Poldek Tacit est, au sein de l’Église, considéré comme ce prédestiné. Éduqué au Vatican, il est vite repéré par les représentants de l’Inquisition (oui, elle existe encore) et entre finalement dans leurs rangs. Au bout de quelques années, sa légende s’est forgée : il est le seul survivant de sa promotion, il est brutal et sans pitié et ses méthodes iconoclastes répugnent souvent aux plus fades bien-pensants membres du clergé. Lorsque, en 1914, un prêtre est sauvagement assassiné dans la Cathédrale d’Arras, c’est Tacit qui est envoyé par le Vatican pour tirer l’affaire au clair. Oui mais, Arras, en 1914, se situe pile sur la ligne de front. Et dans les tranchées, certains soldats des deux camps se font massacrer, non seulement par les bombes et les baïonnettes mais aussi, de nuit, par d’improbables et invincibles créatures.

Pure série Z

Le retour des loups-garous, et ce dans un cadre pour le moins original : celui de la Guerre de 14, au cœur des tranchées dans lesquelles soldats anglais et allemands s’affrontent de la plus inhumaine des manières. L’occasion pour l’auteur, Thorn Richardson, dont il s’agit ici du premier roman traduit en français, de pointer avec jubilation l’arrogante stupidité de certains officiers anglais, qui, seulement préoccupés par leur avancement, n’hésitaient pas à envoyer leurs hommes -la piétaille- se faire hacher menu pour tenter de conquérir quelques mètres de terrain. L’auteur dynamise son récit en le découpant de manière très cinématographique, on passe de chapitres consacrés à l’enfance et à l’éducation de Tacit, à d’autres qui nous plongent tantôt au cœur de complots au Vatican, tantôt à Arras, sur les pas de Tacit l’enquêteur. Les chapitres sont courts, ça bouge pas mal, les personnages se révèlent bien campés et, du moment que l’on accepte le postulat de départ, voilà un bouquin de pure aventure fantastique qui remplit parfaitement son office : nous faire éprouver le même plaisir que l’on ressent en visionnant pour la 4e fois « Une nuit en enfer » par exemple. Une pure série Z qui s’assume et qui se verra d’ailleurs bientôt complétée par un deuxième tome intitulé « Les déchus ».
Nicolas Fanuel

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