Les trois épouses de Blake Nelson

Quinn, Cate ; traduit de l’anglais par Maxime Berrée
Policier & Thriller
Paris : Presses de la Cité, 2021, 535 pages, 22 € (Sang d’encre)

🙂 Crime et polygamie en Utah

La polygamie est interdite chez les Mormons depuis plusieurs décennies. Qu’à cela ne tienne, Blake Nelson avait trois femmes. Avait, car le bonhomme a été retrouvé mort près de son endroit de pèche, le corps mutilé.
Les trois épouses Nelson, qui vivent en imparfaite (sic) harmonie dans leur ranch perdu dans le désert, sont tour à tour soupçonnées.
Rachel, la première épouse, tient la maison selon les traditions mormones. Elle fait preuve d’une grande pureté, malgré son niveau d’instruction universitaire, qui aurait pu la sortir de ce milieu restrictif. Pour elle, il n’avait jamais été question que Blake prenne plusieurs épouses.
Tina, la seconde Madame Nelson, a été sortie par Blake des caniveaux de Las Vegas, où drogues et prostitutioncomposaient son quotidien.
Emily, la dernière, est une pauvre petite chose affolée, mariée bien trop jeune, et qui se réjouit de ne plus dépendre des vices et coups d’un mari abusif.
Ces trois femmes-là n’étaient-elles pas en lutte pour obtenir les faveurs de leur mari ? Ne voulaient-elles pas échapper à cette vie faite de réclusion et de rancœurs ? Laquelle des trois a tué Blake ?

Thriller psychologique et social

Pour un premier thriller (Cate Quinn est l’auteure de plusieurs romans historiques), l’auteure dresse un plateau parfait, entre trois épouses très typées, auxquelles elle donne tour à tour la parole. L’intrigue se déroule uniquement via leurs voix : le quotidien à la maison avec Blake, dont elles se souviennent, les interrogatoires au commissariat. Face à de sacrés tempéraments, les policiers nous inspirent de la sympathie, leur quête de vérité étant entravée par secrets et mensonges.
Cate Quinn aurait pu se contenter de la recherche du meurtrier, l’univers des Mormons (dont la police relève) étant suffisamment singulier pour contenir une intrigue policière originale. Elle s’égare pourtant vers le passé de l’une des épouses, dénonçant l’existence de sectes religieuses. Les deux autres se mettent à enquêter. On aurait préféré une immersion plus exclusive au niveau du ranch conjugal. Blake Nelson a peu de consistance en tant que personnage, au final.
Les trois épouses sont toutes attachantes, chacune dans leur genre particulier. Leurs pensées et interrogatoires séparés nous dévoilent des pans de leur personnalité. C’est prenant, et rien que pour ça, c’est réussi.
Barbara Mazuin

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