L’escadron noir : une Iliade au Kansas

Burnett, W.R. ; roman traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Duvigneau ; postface de Thierry Frémaux
Littérature générale
Arles : Actes sud, 2022, 387 pages, 23.70 €

🙂 🙂 Le retour vers les maîtres du passé

William Riley Burnett (1899-1982) a démontré tous ses talents d’auteur de romans policiers dans le courant du XXe siècle. Ses ouvrages trouvèrent d’ailleurs la route du cinéma avec des œuvres telles que Little Caesar (1929), High Sierra (1941) ou encore The Asphalt Jungle (1949). Outre le monde policier, l’auteur s’intéressa également aux romans western où il développa des personnages complexes se mouvant dans un monde hostile et changeant.
Dans cette première traduction française d’un livre de 1938, W.R. Burnett conte l’épopée d’un jeune homme de l’Ohio, Johnny Seton, et de ses desseins pour conquérir le cœur et la main de la ravissante Mary McCloud, fille d’une famille riche du comté. Alors que la situation de Johnny s’améliore financièrement et socialement, Polk Cantrell, un homme fougueux et sanguin venu du sud, fait irruption dans la vie de ces jeunes gens. Grâce à son charisme, celui-ci séduit Mary et les deux tourtereaux partent vivre dans le Kansas. Les péripéties se succèdent au grand dam des protagonistes : Johnny devient peu à peu une personnalité importante après son arrivée dans le Kansas, Polk se rapproche dangereusement des rebelles pro-esclavagistes dans une atmosphère de Guerre de Sécession, et Mary voit son cœur se déchirer entre deux hommes qu’elle admire, mais dont les caractères diffèrent drastiquement.

Des personnalités changeantes

Cette histoire s’avère principalement intéressante grâce aux caractères des personnages qui évoluent considérablement d’un bout à l’autre du roman. Johnny Seton, par exemple, démarre comme un simple caissier d’un magasin familial, peu ambitieux et satisfait de sa relation naissante avec Mary. Au fil de ses aventures (et surtout mésaventures), il parvient à se forger une réputation d’homme d’action, démontrant toute son intelligence et son flegme dans les situations les plus catastrophiques, le tout en restant fidèle à ses sentiments envers la femme qu’il aime. Chaque personnage évolue dans un monde divisé, entre le bien et le mal, entre les sentiments et la raison, entre deux camps distincts qui annoncent une guerre sanglante et dévastatrice pour un pays dont l’avenir semblait radieux.
Une caractéristique de cet ouvrage réside dans les mentalités vieillottes de l’auteur. L’ouvrage datant du siècle dernier, certaines manières semblent parfaitement archaïques, tant dans la position de certains personnages sur les droits civiques, sur la place de la femme, etc. Cela démontre le parcours de la raison humaine tout au long du siècle et les évolutions humaines qui ont foisonné dans notre histoire. Le style littéraire donne également l’impression d’évoluer au fil de l’histoire, prenant un style quelque peu saccadé dans les premiers paragraphes pour résulter sur un écrit plus fluide dans un second temps.
L’œuvre littéraire de Burnett s’inscrit dans le patrimoine américain du siècle dernier. Malgré des mentalités parfois désuètes, les histoires conservent un intérêt tant grâce à leurs personnages que les situations dans lesquelles ils évoluent. L’escadron noir ne déroge pas à la règle et demeure un ouvrage des plus intéressants à feuilleter et apprécier.
Florian Massut

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