Mémoires d’un reptile

Iben, 11 ans, disparaît subitement et mystérieusement suite au refus de sa mère, Mariam, de lui acheter cette BD qu’elle désirait tant.

Alors qu’elle devrait s’inquiéter et contacter rapidement la police, cette dernière quitte le supermarché et part se détendre pour ne rentrer chez elle que 8 heures plus tard et se rendre compte que sa fille n’est pas rentrée à la maison, seule, comme elle l’avait imaginé…

Destins entrecroisés

De plusieurs personnages à la solitude palpable, aux prises avec leurs démons et leurs questions existentiellessur une période s’étalant de 2004 à 2017 :

Liv, jeune étudiante déboussolée et solitaire, cohabitant avec ses deux meilleurs amis, Ingvar et Egil, dans un appartement où la fête, l’alcool et la drogue sont plus que régulièrement de la partie. Mais, c’est avec son python, Néron, qu’elle passe le plus clair de son temps dans une relation aussi fusionnelle que malsaine. Nos rapports étaient fortement conditionnés par mon incapacité à lui fournir de la viande. P. 88

Roe, flic quinquagénaire, asocial et défaitiste, surtout depuis le drame de sa vie qu’il ne surmonte pas. Des éléments d’une vie qui n’étaient plus supportables parce qu’il y avait toujours quelque chose, quelque part, qui faisait trop mal. P. 342

Mariam, la mère d’Iben, perdue, dont la grande question qui l’occupe est celle de l’instinct maternel. J’aimerais tellement comprendre les mères qui disent qu’elles feraient n’importe quoi pour leurs enfants. P.43

Ronja, la jeune fliquette, toute fraîchement sortie de formation mais qui n’est pas en reste dans la réflexion avec Birte et August, ses deux collègues beaucoup plus expérimentés et qui mèneront l’enquête ou plutôt … les enquêtes en parallèle avec Roe, même si ce dernier révèle parfois un comportement bizarre.

Néron, personnage à part entière, dont les mémoires de reptile, envahissent régulièrement le récit, lui aussi aux prises avec cette vie si particulière qui lui est imposée.

Puzzle

En trois parties, composé de chapitres courts à l’écriture fine, comme une invitation au voyage entre les différents personnages, temps et lieux.

Difficile de décrocher tant le rythme pousse à tourner les pages toujours plus vite. Impossible de se détacher de la tension grandissante, de la violence sournoise dans les descriptions crues, de l’ambiance malsaine.

Pour ce premier roman, c’est dans un suspense glaçant, une pure plongée en apnée, naturellement, profondément, addictivement terrifiante que nous emmène Silje O. Ulstein.

Un roman qui ne laisse pas indifférent le lecteur face aux drames et aux questions qui jalonnent la vie.

Hélène Monin