Nestor Burma : Volume 13 : Les rats de Montsouris

Moynot, Emmanuel (scénario); Ravard, François (dessin); d’après le roman de Léo Malet et l’univers graphique de Tardi
Bande dessinée
Bruxelles : Casterman, 2020, 64 pages, 16 €

🙂 🙂 Double enquête dans le 14e

Deux affaires dans le même arrondissement parisien -le 14e cette fois- quelle chance ! Ou pas puisque quand on s’appelle Nestor Burma, le privé qui met le mystère KO, le hasard a plutôt tendance à mal faire les choses. D’ailleurs, la première affaire, celle que lui proposait un certain Ferrand, ancien camarade de Stalag, Burma l’avait d’abord refusée. Puis quand un certain Gaudebert, qui avait l’air plus sérieux et financièrement plus fiable, l’avait appelé pour enquêter dans le même quartier, Burma s’était senti pousser des ailes. Ce que Gaudebert lui demandait paraissait simple : sorti de l’Occupation avec une réputation à refaire, Gaudebert avait reçu une lettre lui réclamant une somme d’argent conséquente, sous peine de voir son passé douteux révélé au plus grand nombre. Entamant son enquête par de classiques surveillances, Nestor avait dégagé un peu de temps pour son ancien pote Ferrand. Las ! Entre les deux affaires, le privé n’avait pu que constater d’étranges connexions, qui elles-mêmes l’amenèrent sur la piste d’une bande de cambrioleurs -les fameux « Rats de Montsouris ».

Le bon polar des années ‘50

Paris, 1955. Les superbes carrosseries cahotent sur les pavés, les kiosques débordent de journaux, les femmes portent des jupes ou des robes et ne s’offusquent pas d’un brin d’humour grivois. Gagner sa vie honnêtement semble à la portée de tout un chacun : pourtant les escrocs et les voleurs s’en donnent à cœur joie et, comme toujours dans les enquêtes de Burma, ils sont nombreux : les petits malfrats côtoyent les franches crapules, et tout ce petit monde n’hésite pas à se trucider dans un entre-soi qui sent bon le polar des années ‘50 à ‘70.  Pour rappel, Nestor est né fin des années ’40 de l’imagination de Léo Malet, pionnier du polar français. Anarchiste dans l’âme, c’est un détective privé dont l’idée de l’honneur cadre rarement avec celle des poulets, qu’il évite soigneusement. Joyeux et castagneur, adapte d’un langage fleuri, il est toujours à court d’argent et tombe les jolies filles plus vite que Tony Curtis et Roger Moore réunis. La série a été adaptée dès le début des années ’80 par Jacques Tardi. Tout en conservant l’univers graphique de ce dernier, ce sont ensuite Emmanuel Moynot (qui assure encore le scénario ici) et Nicolas Barral qui se sont succédé au dessin.

Une série bien assise et qui se renouvelle

Cette fois, c’est François Ravard (« Les mystères de la 5e République ») qui s’y colle, et de très belle manière. Burma et ses acolytes nous semblent peut-être plus expressifs, tout en gardant leur tronche à la Tardi. Les décors et les découpages sont superbes et d’une lisibilité parfaite, rehaussés par un superbe travail sur les ombres et des couleurs plus chaudes qu’à l’accoutumée. Toujours solide dans les intrigues touffues de Léo Malet, Burma ne perd décidément rien à passer d’un dessinateur à l’autre. Le choix de conserver l’univers graphique mis en place par Tardi n’y est sans doute pas étranger, mais reconnaissons que chacun d’eux – et Ravard ne déroge pas à la règle- a su imprimer sa marque et surtout, donner le coup de pouce à même de relancer à chaque fois l’intérêt des lecteurs. Chapeau !
Nicolas Fanuel

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