Profession romancier

Murakami, Haruki; traduit du japonais par Hélène Morita
Documents
Paris : 10/18, 2020, 236 pages, 7,50 €

🙂 🙂 Devenir écrivain au Japon puis à travers le monde

Les livres de Haruki Murakami sont traduits dans plus de cinquante langues. Lus par différentes cultures et catégories d’âge, ils ont trouvé leur premier public au Japon. Dans « Profession romancier », l’écrivain alors sexagénaire (le livre a été rédigé en 2015) revient sur ses débuts, lorsqu’il écrivait sur la table de la cuisine du petit appartement qu’il partageait avec sa femme. Il tenait alors un petit club de jazz dans la banlieue ouest de Tokyo. Il ne savait pas alors qu’il allait devenir écrivain.
Ce livre n’est pas une commande. Il en a écrit les chapitres thématiques de façon fragmentée, exposant différents aspects de sa profession, liés à son expérience toute personnelle :
Ses premiers romans étaient écrits exclusivement en « Je ». « Kafka sur le rivage » (2005) a marqué un tournant dans son œuvre, avec une alternance de chapitres en « Je » et d’autres à la troisième personne. Jusqu’à « La ballade de l’impossible », ses personnages ne portaient pas de nom.
Murakami s’en explique, justifie ses choix, de même qu’il expose son avis sur la réécriture, la nouvelle, les prix littéraires, le métier de traducteur (qu’il exerce et ses propres traducteurs), la nécessité pour un écrivain de maintenir un corps sain et physiquement entraîné, ses rares apparitions publiques, qui n’empêchent pas d’être conscient de son public et de le respecter, etc.
A la question « que faut-il pour devenir écrivain ? », Haruki Murakami répond : lire beaucoup, dès le jeune âge. Il importe de saisir comment se bâtit un roman. Il cite plusieurs exemples illustres, comme « Gatsby le Magnifique », de Francis Scott Fitzgerald, Hemingway ou John Irving. Il faut ensuite s’entraîner à regarder les choses, les phénomènes. Ne pas en livrer ensuite une analyse péremptoire, mais y réfléchir longuement, retarder la conclusion autant que possible, afin de garder « les choses telles qu’elles sont, sous une forme claire et vivante. » Enfin, avoir une sensation de liberté et ressentir de la joie.

Un essai qui se lit comme un roman

Vous l’aurez compris, Haruki Murakami retrace son parcours d’écrivain avec simplicité, et l’humilité qui le caractérise. Il s’estime toujours être « un écrivain encore en voie de développement. Un homme en perpétuelle recherche, qui tâtonne sur ce qu’il fait, et la façon dont il le fait ».
Son essai est extrêmement plaisant à lire, aussi fluide qu’un roman.
Barbara Mazuin

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