Rira bien qui rira le dernier

Beaton, M.C. ; traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Karine Guerre
Policier & Thriller
Paris : Albin Michel, 2020, 265 pages, 14 €

🙂 Huis-clos dans un château écossais

Le vieil Andrew Trent réunit sa famille dans son château du nord de l’Ecosse alors qu’il se trouve à l’article de la mort. C’est du moins la carotte avec laquelle il a appâté ses « proches ». Quand la famille arrive en maugréant sur place (personne n’aime le vieux Trent, farceur invétéré), ils constatent que l’aïeul est en pleine forme, avec une belle réserve de farces et attrapes humiliantes.
Une tempête de neige empêche les convives de repartir illico. Chacun essaye donc de faire bonne figure en attendant la libération : s’éloigner de centaines de kilomètres ou qu’il passe l’arme à gauche, ce qui arrangerait plutôt ses ayant-droits. Plusieurs déclarent d’ailleurs qu’ils le tueraient volontiers de leurs propres mains.
Mais lorsque le vieux est découvert poignardé, les esprits s’échauffent. Hamish MacBeth, policier à Lochdubh, est dépêché sur place, pensant à une énième farce du vieux châtelain. Son sang écossais ne fait qu’un tour lorsqu’il constate que non seulement Trent est bien mort, mais qu’en plus, la scène de crime a été soigneusement nettoyée par les domestiques. Sur ordre de qui ?

Confrère d’Agatha Raisin

Difficile de passer à côté de Agatha Raisin si on s’intéresse un tant soit peu au polar de divertissement, à l’enquête déjantée avec un enquêteur récurrent (vous pouvez mettre ces trois derniers mots au féminin). A titre personnel, je n’ai jamais lu Agatha Raisin, par ailleurs présente sur le petit écran également. J’aurais très bien pu passer à côté de Hamish MacBeth si l’appel des lochs, des châteaux hantés et du charme de l’Ecosse ne m’avaient attirée de façon irrépressible.
Me voici donc à lire cette septième aventure de la série imaginée par Marion Chesney, aka M.C. Beaton, née à Glasgow, et décédée en décembre 2019. Ca se lit vite et bien. L’intrigue est sympathique et rebondissante, quoique très cousue de fil blanc : la tempête de neige qui isole les résidents du château, tant au niveau routes que téléphone, augmentant la tension dramatique, en est un exemple.
Les soixante premières pages se déroulent sans Hamish, qui s’avère être un grand dadais roux, installant les personnages et les différents enjeux qui les animent (résumés en un mot : l’argent).
On aura noté que cette famille réunie (à contrecœur) dans ce château par le patriarche richement doté fait terriblement penser à Agatha Christie (oui, j’ai bien noté l’hommage dans le prénom d’Agatha Raisin). Un huis-clos interrompu par l’arrivée de Hamish sur les lieux. Ses allers-retours au village permettent d’introduire sa fidèle Priscilla au cœur de l’intrigue.

Roman policier divertissant

On lit vraisemblablement M.C. Beaton pour son côté divertissant, et assumé comme tel, plutôt que pour la profondeur des intrigues policières. Les personnages sont esquissés au gros trait, frisant parfois la caricature, et il ne faut pas en attendre à de la profondeur psychologique. Le supérieur de Hamish, Blair, est insupportable, avec son racisme, sa mauvaise foi et sa manière d’ « interroger » les témoins qu’il imagine suspects. Le vieux Trent, avec ses blagues d’internat, n’inspire guère la sympathie non plus.
Attention, le suspense à la « whodunit » (Qui l’a fait ?) est présent, avec un dénouement final provoqué par Hamish de façon maladroite et humble, contrairement à un Hercule Poirot qui avait une haute opinion de lui-même. Le lecteur n’est donc pas trompé sur la marchandise : on est bien dans un roman policier. Au niveau de la couleur locale (l’argument qui m’avait fait lire ce livre, vous vous rappelez ?), il n’est pas vraiment mis en valeur et j’en ai été pour mon compte.
Sans comparatif avec un autre titre de la série, il m’est difficile de dire si « Rire bien qui rira le dernier » est un bon cru. Les fans de Hamish MacBeth s’y retrouvent-ils, avec une entrée en scène un peu tardive du héros, un chien dont l’existence n’est que prétexte à savoir qui va s’en occuper ? J’imagine que le duo humain-canin a un rôle plus significatif dans d’autres aventures. Blair est-il aussi présent dans les autres titres ? Le tome 8 étant dans ma PAL, j’aurais sans doute quelques réponses dans une prochaine chronique.
Notez qu’il existe également une adaptation télévisée de la série Hamish Macbeth, avec Robert Carlyle, Ecossais pur souche, dans le rôle-titre.
Barbara Mazuin

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