Bec, Christophe (scénario); Giangiordano, Valerio (dessin); couleur Stefania Aquaro
Bande dessinée
Toulon : Soleil, 2024, 56 pages, 15,95 €

🙂 🙂 La spirale de la violence

Un groupe de quatre jeunes alpinistes -deux gars, deux filles- emmené par un guide professionnel, se prépare à l’ascension du Mont Jefferson, dans l’Oregon. Parmi les quatre alpinistes, Alisson, la trentaine, semble plus chevronnée, et nous découvrirons progressivement qu’elle a déjà vécu une expérience traumatisante en montagne. Sur la route qui les conduit au pied du mont, le groupe croise une troupe de chasseurs, tous lourdement armés et accompagnés de chiens. Plus tard, alors que leur ascension ne fait que commencer, les 5 alpinistes sont confrontés à un premier événement dramatique, qui va entraîner une spirale de violenceaussi inattendue que radicale.

Âmes sensibles s’abstenir

Sur base d’un pitch assez simple, Christope Bec nous mitonne ici une intrigue digne d’un film d’horreur de série B, un survival sanglant et sans pitié. « Survival », tiens, c’est justement le titre générique de cette nouvelle série publiée chez Soleil et dont chaque tome constitue une histoire indépendante des autres. Dans celui-ci, intitulé « Warm Spring », du nom de la réserve indienne par laquelle passe le groupe d’alpinistes, le moins que l’on puisse dire c’est que le scénario colle parfaitement au titre générique : on y suit la fuite éperdue de quelques personnes, impitoyablement pourchassées par une bande de cinglés surarmés, le tout en milieu franchement hostile (une montagne escarpée, de la neige, du vent). Ou comment un événement dramatique entraîne des décisions prises sous le coup de l’émotion, et comment celles-ci entraînent une montée en puissance absurde de la violence, une suite d’ignominies dont on ne voit pas la fin, comme un train fou, inarrêtable. L’ensemble, parfaitement mis en scène par le trait de Valerio Giangiordano (un dessin plutôt réussi, qui rappelle nombre de séries publiées chez Delcourt/Soleil, dans la veine des « Walking dead », mais expurgé des fréquentes cases trop rapides ou trop figées que l’on y retrouve parfois) forme une histoire noire de noir, un abysse de bêtise humaine, un summum d’auto-justice imbécile menée sans réflexion et hors de toute forme d’empathie. Faut s’accrocher donc, âmes sensibles s’abstenir mais force est d’avouer que c’est drôlement bien fichu et que ça marque.
Nicolas Fanuel

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